Au Sénégal, la lutte pour la subsistance, cette quête quotidienne pour répondre aux besoins primaires, est devenue une justification universelle pour des comportements qui fragilisent la cohésion sociale et encouragent l’incivisme. Derrière le besoin légitime de survivre se cache une réalité plus inquiétante : des dérives qui, sous couvert d’urgence économique, sapent les fondements de notre société.

La subsistance, dans sa dimension économique, pousse de nombreux citoyens à adopter des comportements contraires aux lois et aux normes sociales. Les trottoirs de nos villes, autrefois réservés aux piétons, sont désormais envahis par des marchands informels. Les marchés anarchiques prolifèrent, congestionnant les routes et rendant la circulation infernale. Les jeunes, faute d’opportunités, s’adonnent à des activités douteuses, allant de la petite délinquance à des formes plus graves d’illégalité.

Mais la subsistance ne se limite pas à une question économique. Elle est aussi une lutte pour l’accès aux ressources, souvent dans un contexte de rareté ou d’injustice perçue. La recherche effrénée de solutions individuelles engendre des tensions sociales : détournement des biens publics, corruption, fraude, et non-respect des espaces collectifs. Dans cette course à la survie, les règles communes deviennent secondaires, et l’intérêt général est sacrifié au profit de gains immédiats.

Cependant, cette situation trouve sa racine dans des politiques publiques insuffisantes pour répondre aux besoins fondamentaux des populations. Une mauvaise répartition des ressources, un chômage endémique et une éducation défaillante contribuent à exacerber ce sentiment de lutte constante pour la survie. L’absence de perspectives pousse les citoyens à contourner les règles, créant un environnement où l’incivisme devient la norme.

Il est urgent d’agir pour inverser cette tendance. L’État doit s’atteler à créer des conditions propices à une subsistance digne pour tous : favoriser l’accès à l’emploi, garantir une éducation de qualité, et instaurer des mesures équitables de redistribution des ressources. Mais il revient aussi à chaque citoyen de comprendre que la subsistance ne peut se faire au détriment du bien commun.

Le Sénégal ne pourra se relever qu’en redonnant un sens à la solidarité et au respect des règles. Ce n’est qu’en transcendant cette obsession de la survie individuelle que nous pourrons bâtir une société où chacun trouve sa place, sans avoir à sacrifier les valeurs qui font la force de notre nation.

Par: Colylamine
Redaction: Dakmedina.com