6 October 2025
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FONDS POLITIQUES AU SÉNÉGAL : ENTRE OPACITÉ BUDGÉTAIRE ET RÉALITÉS DU POUVOIR

  • février 22, 2025
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La question des fonds politiques refait surface au Sénégal, alimentant un débat vif entre opacité budgétaire et exigences de transparence. La récente passe d’armes entre Thierno Alassane Sall

FONDS POLITIQUES AU SÉNÉGAL : ENTRE OPACITÉ BUDGÉTAIRE ET RÉALITÉS DU POUVOIR

La question des fonds politiques refait surface au Sénégal, alimentant un débat vif entre opacité budgétaire et exigences de transparence. La récente passe d’armes entre Thierno Alassane Sall et le Premier ministre Ousmane Sonko en est une illustration parfaite. Cette controverse met en lumière une contradiction fondamentale : la difficulté de concilier engagements de transparence et réalités du pouvoir.

Les fonds politiques, également appelés « fonds secrets » ou « caisse noire », sont une survivance du système financier colonial. Conçus pour des besoins de gouvernance stratégique et diplomatique, ils ont évolué vers des montants exponentiels depuis l’indépendance. En 1960, ces fonds étaient évalués à 35 millions de FCFA ; aujourd’hui, ils se chiffrent en milliards, distribués à la présidence (11 milliards de FCFA pour Bassirou Diomaye Faye), la primature (9 milliards pour Ousmane Sonko), ainsi qu’à d’autres institutions comme l’Assemblée nationale et le Conseil économique, social et environnemental.

Si leur existence est justifiée par la nécessité de gérer certaines affaires d’État en toute discrétion, leur absence totale de contrôle alimente les soupçons de clientélisme et d’abus. En effet, ces fonds ne sont pas soumis aux obligations de justification imposées aux autres dépenses publiques, ce qui pose un sérieux problème de reddition des comptes.

Lors de sa comparution devant l’Assemblée nationale le 21 février, Ousmane Sonko a été interpellé par Thierno Alassane Sall sur la gestion de ces fonds. Ce dernier a rappelé que Sonko, lorsqu’il était dans l’opposition, prônait leur suppression. Son revirement a donc été perçu comme une incohérence. « Ya wakhone dafa kharame » , a lancé l’ex-ministre, soulignant la dissonance entre les discours de campagne et la réalité gouvernementale.

Face à ces accusations, le Premier ministre a adopté une posture plus pragmatique, expliquant que « dans tous les pays, il existe des fonds secrets permettant de gérer certaines questions sensibles en toute discrétion ». Une justification qui, si elle révèle une prise de conscience des exigences de l’exercice du pouvoir, manque de clarté sur la manière dont ces fonds seront utilisés et encadrés.

Les propos de Sonko ont suscité des réactions diverses, notamment celle de l’imam Ahmadou Makhtar Kanté, qui a critiqué le manque de clarté du Premier ministre : « Il aurait dû soit maintenir sa posture initiale et argumenter pourquoi ces fonds sont contraires à une bonne gestion, soit expliquer son changement de position de manière plus cohérente. »

La persistance de ces fonds pose une question cruciale : les nouvelles autorités tiendront-elles leurs promesses de transparence ou perpétueront-elles une pratique souvent critiquée mais ancrée dans le fonctionnement de l’État ?

Des réformes sont envisageables, notamment la mise en place d’un mécanisme de contrôle par une instance indépendante ou une obligation de rendre compte a posteriori. Sans cela, le risque de voir ces fonds détournés à des fins personnelles ou politiques restera un enjeu majeur de gouvernance.

Par: Colylamine

Redaction: Dakmedina.com

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