Au Sénégal, les statistiques officielles sont rarement anodines. La dernière polémique en date ? Le Port autonome de Dakar, qui se retrouve au cœur d’un bras de fer entre l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) et son Directeur général, Waly Diouf Bodian. L’ANSD annonce une baisse inquiétante du trafic maritime en décembre 2024, mais le patron du Port crie au scandale et à la manipulation. Une querelle arithmétique qui, comme souvent, cache une bataille politique bien plus vaste.

« `Des chiffres qui fâchent« `

Selon l’ANSD, le port de Dakar a vu son activité chuter de 17,1 %, avec des débarquements en berne (-24,9 %) et des embarquements en recul (-5 %). Pire encore, certains produits clés comme les hydrocarbures raffinés (-24,7 %), les produits de la mer (-31,3 %) et les phosphates (-42,4 %) ont pris l’eau. Une tendance qui s’inscrit dans un contexte économique déjà morose, marqué par une baisse des recettes de l’État et des licenciements massifs.

« `Une riposte façon uppercut« `

Face à ces chiffres peu flatteurs, Waly Diouf Bodian contre-attaque. Pour lui, tout va bien au Port de Dakar, et ceux qui disent le contraire sont soit mal informés, soit mal intentionnés. Dans une déclaration musclée, il affirme que le trafic est en hausse, la rentabilité au rendez-vous, et que seuls les médias en mal de subventions cherchent à noircir le tableau.

> « Le Port de Dakar se porte bien et a progressé en termes de trafic, de chiffre d’affaires et de bénéfices réalisés. N’en déplaise aux journaux dont les conventions de complaisance ont été résiliées ! »

Une petite pique aux médias pour pimenter le débat ? Classique.

« `Chiffres vs communication : qui croire ?« `

Dans ce duel où la calculette semble avoir remplacé la machette, chacun brandit ses propres statistiques. D’un côté, l’ANSD publie des chiffres inquiétants. De l’autre, la direction du Port balaie tout d’un revers de main. Et entre les deux ? Les réseaux sociaux s’enflamment, chacun choisissant son camp, entre fake news, extrapolations et théories du complot.

L’opinion publique, elle, navigue en eaux troubles, tiraillée entre des institutions qui se répondent par communiqués interposés. Une chose est sûre : dans cette bataille des chiffres, la vérité semble être la grande perdante.

« `Le Sénégal et la guerre des statistiques« `

Ce n’est pas la première fois que des chiffres déclenchent une tempête. Rappelez-vous le rapport explosif de la Cour des comptes, les polémiques autour de la gestion des finances publiques ou encore le mystérieux cambriolage de la Direction du Trésor public. Chaque révélation devient une munition pour les uns, un bouclier pour les autres.

Alors, les chiffres disent-ils encore la vérité, ou ne sont-ils qu’un outil de propagande au service des intérêts politiques ? Une seule certitude : au Sénégal, les statistiques ont rarement été aussi politisées. Et dans cette guerre de communication, la transparence ressemble de plus en plus à une utopie.

Par: Colylamine

Rédaction: Dakmedina.com