LOI D’AMNISTIE : MACKY SALL A-T- IL OFFERT LA PAIX OU UN CADEAU POLITIQUE EMPOISONNÉ ?
mars 21, 2025
0
Dans l’histoire du Sénégal, rares sont les textes législatifs qui ont fait autant de bruit après leur adoption que la loi d’amnistie de Macky Sall. Présentée à l’époque
Dans l’histoire du Sénégal, rares sont les textes législatifs qui ont fait autant de bruit après leur adoption que la loi d’amnistie de Macky Sall. Présentée à l’époque comme un baume destiné à refermer les plaies d’une décennie tumultueuse, elle s’est transformée en un véritable abcès politique qu’il faut désormais percer… ou interpréter.
Avec une noble intention affichée – « pacifier l’espace public et politique » –, l’ancien président Macky Sall pensait sans doute offrir un dernier cadeau à la nation avant de faire ses adieux à la présidence. Un peu comme un hôte qui, après avoir mis le feu à la maison, tend un extincteur à ses successeurs en leur souhaitant bon courage.
Mais voilà : dans sa précipitation à distribuer le pardon comme des cacahuètes, la majorité de Benno Bokk Yakaar a oublié que l’amnistie ne pouvait pas être un blanc-seing universel. Tout le monde n’a pas la mémoire courte, et certains ont jugé bon de revisiter ce texte que d’aucuns considèrent comme une œuvre d’amnésie plutôt qu’un instrument de réconciliation.
Pastef, entre le législateur et l’exorciste
Face aux polémiques incessantes, Pastef s’est donc mué en grand correcteur. Ayib Daffé et Amadou Ba, tels des chirurgiens législatifs, se sont donné pour mission de réparer ce que Macky Sall et ses députés avaient bricolé à la hâte. Leur message ? Nous ne touchons pas à la loi, nous l’interprétons seulement – ce qui, en langage politique, revient à dire : On vous laisse le plat, mais on en change l’assaisonnement.
L’objectif affiché est clair : éviter que des criminels graves ne se retrouvent blanchis par mégarde. Car apparemment, l’ancienne majorité avait eu la main un peu lourde sur la gomme du pardon, effaçant au passage des responsabilités que le bon sens politique voudrait voir maintenues. Mais alors, pourquoi ne pas simplement abroger la loi ? Ah, non ! Malheureux ! Il ne faudrait surtout pas donner l’impression de faire du rétropédalage…
Le peuple, cet éternel muet que tout le monde fait parler
Évidemment, cette clarification ne plaît pas à tout le monde. Les critiques fusent, et certains accusent Pastef de vouloir réécrire l’histoire à sa sauce. Du côté de Y’en a marre, la menace est brandie : « Le peuple sera en face. » Une phrase qui a eu le don d’irriter Ayib Daffé : « Qui donc parle au nom du peuple ? Nous, qui avons été élus, ou ceux qui n’ont aucun mandat ? »
C’est une vieille rengaine en politique : chacun s’érige en porte-voix des masses silencieuses, sans jamais leur demander leur avis. D’un côté, les élus qui s’en souviennent uniquement lorsqu’ils doivent légiférer, de l’autre, les activistes qui se proclament gardiens de la conscience populaire.
Finalement, cette loi d’amnistie censée ramener la paix n’aura réussi qu’une chose : relancer les hostilités et révéler, une fois de plus, que dans notre cher Sénégal, le peuple est un argument que tout le monde brandit, mais que personne n’écoute réellement.