GOUVERNANCE AU SÉNÉGAL : LE BÂTON, LA CAROTTE… MAIS SURTOUT LA BOUGIE
avril 23, 2025
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Dans un contexte où la démocratie sénégalaise traverse une nouvelle phase de refondation, un adage peu connu refait surface avec une portée inattendue : « Le bâton et/ou
Dans un contexte où la démocratie sénégalaise traverse une nouvelle phase de refondation, un adage peu connu refait surface avec une portée inattendue : « Le bâton et/ou la carotte, mais surtout la bougie. » Cette maxime symbolise trois logiques de gouvernance, et à l’heure des discours sur la rupture et le renouveau, elle mérite toute notre attention.
Pendant longtemps, les pouvoirs publics au Sénégal ont fonctionné sur un modèle de gestion où le bâton (répression, interdits, sanctions) et la carotte (promesses, avantages, postes, subventions) ont dominé les rapports entre l’État et les citoyens. Ce schéma, hérité d’un centralisme postcolonial, repose sur une idée encore tenace : il faut récompenser ou punir pour faire marcher la machine.
Mais cette approche montre aujourd’hui ses limites. Les nombreux scandales de corruption, les crises sociales à répétition, l’essoufflement de la confiance dans les institutions ou encore les attentes insatisfaites des jeunes et des travailleurs, démontrent que ni la peur, ni l’attrait de récompenses immédiates ne suffisent à construire une société juste et durable.
Ce qui manque cruellement à la gouvernance, c’est la “bougie”. Non pas une bougie décorative, mais un symbole fort : celui de la lumière intérieure, de la conscience citoyenne, de l’éthique dans l’action publique. La bougie représente l’appel aux valeurs, à l’intelligence collective, à la participation sincère à la vie démocratique.
Elle incarne aussi une exigence de coconstruction des politiques publiques. Car une gouvernance durable ne se décrète pas d’en haut ; elle se construit avec les citoyens, dans un esprit d’inclusion, de dialogue et de responsabilité partagée. Il ne peut y avoir de renouveau véritable sans la cohésion sociale, sans réconciliation sincère, sans la tolérance mutuelle entre acteurs politiques, société civile, institutions et populations.
Dans un Sénégal où l’on parle de “souveraineté retrouvée”, où les jeunes réclament plus que des slogans, il est temps de faire place à une gouvernance fondée sur la transparence, la concertation et la justice sociale. Pourquoi, en effet, discuter de valeurs si les citoyens ne sont jamais associés aux grandes décisions qui les concernent ? Pourquoi prôner la rupture si les mécanismes de domination restent les mêmes, maquillés sous des discours de changement ?
L’autocratie, souvent camouflée sous des habits institutionnels, utilise le bâton. La manipulation politique et électoraliste s’appuie sur la carotte. Mais la démocratie véritable, celle qui engage, responsabilise et éclaire, a besoin de la bougie.
Elle a besoin de dirigeants qui acceptent le débat, d’institutions qui rendent compte, de citoyens écoutés et de médias libres. Elle exige une gouvernance inclusive et apaisée, où chaque voix compte, et où la cohésion nationale devient le socle du progrès. Car c’est en éclairant les consciences, et non en les achetant ou en les effrayant, que le Sénégal peut espérer se réconcilier avec les idéaux de justice, de liberté et de développement partagé.
La bougie, au fond, n’est pas un luxe moral. C’est une urgence politique.