5 October 2025
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Daaka 2025: Les héritiers de la lumière de Thierno Mouhammadou Siradji Diin

  • avril 30, 2025
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Thierno Ousmane Thiam, le fils spirituel de Thierno Mouhamadou Seydou Bâ (Par Seydi Diallo) À Médina El Hadji, localité bénie nichée dans les terres du Fouladou, naquit en

Daaka 2025: Les héritiers de la lumière de Thierno Mouhammadou Siradji Diin

Thierno Ousmane Thiam, le fils spirituel de Thierno Mouhamadou Seydou Bâ (Par Seydi Diallo)

À Médina El Hadji, localité bénie nichée dans les terres du Fouladou, naquit en 1927 un enfant promis à une destinée lumineuse : Thierno Ousmane Thiam. Il naquit dans une atmosphère d’élévation spirituelle, au sein d’une famille noble et pieuse. Son père, Seydi El Hadji Aly Thiam, éminent maître de Thierno Mouhamadou Seydou Bâ, et sa mère, Sokhna Khadidiatou Seydi, incarnaient déjà une lignée tournée vers la lumière du savoir et la ferveur du service divin.

Sa naissance coïncida avec un moment providentiel : l’arrivée à Médina El Hadji de Thierno Mouhamadou Seydou Bâ, ce maître au visage rayonnant dont la présence transforma à jamais le paysage spirituel du Fouladou. Touché par cette coïncidence céleste, Seydi El Hadji Aly Thiam confia, dans un geste de dévotion, son fils au saint homme. Ainsi, Thierno Ousmane Thiam devint le fils adoptif du fondateur de Médina Gounass, scellant dès ses premiers souffles un lien d’amour, de loyauté et de transmission.

Il entama l’apprentissage du Coran en 1932 sous la direction du grand Thierno Mouhamadou Seydou Bâ, mais c’est son père qui lui enseigna les premières lettres de l’alphabet sacré. Hélas, en 1935, la mort de son père marqua un tournant, coïncidant avec le départ de Thierno Mouhamadou Seydou Bâ de Médina El Hadji. Le jeune Ousmane poursuivit alors ses études coraniques auprès du maître érudit Thierno Moussa Barry.

Le destin, cependant, allait le ramener vers son guide. En 1937, l’année qui suivit la fondation de Médina Gounass, Thierno Mouhamadou Seydou Bâ revint brièvement à Médina El Hadji. Il y retrouva Ousmane Thiam, alors âgé de dix ans, et le ramena avec lui dans sa nouvelle demeure, au cœur de la cité sainte naissante. Il le confia à Thierno Oumar Fédior, qui poursuivit son instruction religieuse. Mais plus qu’un simple élève, Ousmane devint peu à peu un fils spirituel, un confident, un bras droit.

Ce retour scella une proximité sans pareille entre le maître et son disciple. En 1944, le maître l’envoya, avec Thierno Abdourahim Talla, étudier à Siwoye, au Mali. L’année suivante, il poursuivit son chemin à Kaédi, auprès de Thierno El Hadji Houdou. Ce parcours de science le façonna profondément, jusqu’à ce que Thierno Mouhamadou Seydou Bâ le rappelle à ses côtés, scellant son retour définitif à Médina Gounass. Ce retour marqua le début d’une relation fusionnelle entre le maître et son disciple.

Thierno Ousmane Thiam devint alors bien plus qu’un élève : il était la clef de voûte du foyer de Thierno Mouhamadou Seydou Bâ. Chargé de la gestion de sa maison, il accueillait les hôtes, recevait les autorités, veillait à chaque détail du quotidien du saint homme. Il fut celui à qui Thierno confiait la gestion des affaires essentielles du dental, avec une confiance rare. Il était l’œil vigilant, la parole mesurée, le gardien des secrets de la maison bénie.

C’est lui qui joua un rôle décisif dans l’acquisition du premier véhicule du maître Thierno Mouhamadou Siradji en1951, facilitant ainsi ses déplacements pour les besoins de la communauté. C’est encore lui qui l’accompagna dans toutes ses huit Ziarra à Fès, sur les traces de Cheikh Ahmed Tidiane (rta), tissant les fils entre Médina Gounass et la source originelle de la Tidjaniyya. En 1955, il fit partie de la délégation qui effectua le pèlerinage à la Mecque, et c’est à cette occasion que Thierno Mouhamadou Seydou Bâ, dans un geste de grande portée spirituelle, lui ouvrit tous les accès au Wird Tidiane, lui remettant une attestation officielle, reconnaissant sa maîtrise et sa transmission autorisée.

En 1970, il fut nommé Imam de la grande mosquée de Médina Gounass par son père spirituel, fonction qu’il assuma avec piété et rigueur jusqu’à sa mort, en 2006, soit 36 années de service religieux au cœur de la cité sainte. En 1996, il effectua un second pèlerinage à la Mecque.

Mais au-delà de son rôle d’Imam, Thierno Ousmane Thiam fut l’ambassadeur silencieux mais influent de Médina Gounass auprès de l’État du Sénégal. Il était le pont entre la verticalité du spirituel et l’horizontalité du temporel, un homme de confiance dont la voix portait aussi bien dans les cercles religieux que dans les sphères administratives. Il personnifiait la sagesse, la pondération et la diplomatie, œuvrant pour que la lumière de Médina Gounass brille dans la sérénité.

Thierno Ousmane Thiam entretenait également des relations fraternelles et empreintes de respect avec Thierno Amadou Tidiane Bâ, fils de Thierno Mouhamadou Seydou Bâ, ainsi qu’avec ses frères, Thierno Ibn Oumar Bâ et Abdoul Aziz Bâ. Il noua aussi des liens solides avec les autres figures du dental, qu’elles soient du Fouta, de Mbour, de Fass Gounass ou de Darou Hidjiratou, participant ainsi à la consolidation d’un réseau spirituel harmonieux et uni. Sa parole, discrète mais écoutée, était souvent celle qui apaisait, celle qui reliait les cœurs autour de la voie du Prophète et de Cheikh Ahmed Tidiane (rta).

Il s’éteignit à Dakar le 27 août 2006, laissant derrière lui une œuvre discrète mais immense, une vie tissée de fidélité, de science et de service. Il fut l’un des plus fidèles compagnons de Thierno Mouhamadou Seydou Bâ, son émissaire, son intendant, son miroir.

Thierno Ousmane Thiam a laissé trente-quatre enfants, dont quatorze garçons et vingt filles. Son héritage se perpétue à travers son Khalife, Thierno Tidiane Thiam, plus connu sous le nom de Thierno Tidiane Kaw, qui veille à faire rayonner l’héritage de lumière et de loyauté transmis par son illustre père. Ce dernier fut choisi par Thierno Amadou Tidiane Bâ, Khalife de Médina Gounass, pour diriger la deuxième grande mosquée de la ville, inaugurée juste avant le Daaka. Ce geste fort, empreint de discernement et de fidélité, témoigne de l’esprit de sagesse de Thierno Amadou Tidiane Bâ, profondément attaché au legs de son vénéré père et soucieux de faire vivre l’équilibre et l’unité au sein de la communauté.

Seydi Diallo, enseignant à l’IEF de Kaolack

Rédaction: Dakmedina.com

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