Il y a des dates qui ne s’effacent pas de la mémoire d’un peuple. Le 23 juin 2011, le Sénégal écrivait l’une des plus belles pages de sa démocratie : face à une tentative de réforme constitutionnelle perçue comme une manœuvre de dévolution monarchique du pouvoir, les citoyens se levaient en masse, bravant la répression, pour dire non. Ce jour-là, la rue faisait reculer le pouvoir. Le 23 juin entrait dans l’histoire comme le symbole d’un sursaut républicain.

Quatorze ans plus tard, le 23 juin 2025, cette même date ressurgit, mais dans un tout autre registre : celui de la transparence budgétaire. Le ministère des Finances et du Budget a choisi ce jour symbolique pour publier les Rapports Trimestriels d’Exécution Budgétaire (RTEB), après un retard justifié par la nécessité de retraiter les dépenses extrabudgétaires et de fiabiliser les données héritées d’années de gestion opaque.

Faut-il y voir une coïncidence du calendrier ou un clin d’œil calculé à l’Histoire ? Difficile à dire. Mais une chose est sûre : la coïncidence est troublante. Car le 23 juin, dans la conscience collective sénégalaise, est devenu un rendez-vous avec la vérité, une balise démocratique qui rappelle que le pouvoir appartient au peuple et que ce peuple exige des comptes, qu’ils soient politiques ou financiers.

Aujourd’hui, l’attente n’est plus seulement dans la rue. Elle est dans les chiffres, dans les tableaux, dans les lignes de dépense. Une population de plus en plus avertie et exigeante scrute les institutions, exige des preuves, demande des bilans. Les citoyens, jadis marginalisés dans les débats budgétaires, sont désormais au centre : ils veulent comprendre, évaluer, comparer. La transparence n’est plus un luxe. Elle est une exigence.

C’est pourquoi le choix de cette date engage. Ce n’est pas seulement un rapport technique que l’on publie. C’est un acte politique, un marqueur de crédibilité, une mesure de la sincérité gouvernementale. Et cette sincérité, pour être acceptée, doit se lire dans la cohérence, la constance et la clarté.

Ce que l’on attend du ministère des Finances, ce n’est pas uniquement une reddition comptable. C’est une reconnaissance du droit fondamental du peuple à l’information. C’est une pédagogie de la gouvernance, une volonté affirmée de rompre avec les pratiques du passé.

Cette publication, attendue, se transforme ainsi en test de crédibilité morale. Le 23 juin, ce n’est plus seulement une page de l’Histoire que l’on commémore , c’est un miroir tendu au présent. Un miroir dans lequel chaque citoyen, chaque contribuable, doit pouvoir se reconnaître.

Et cette fois encore, le peuple sera au rendez-vous, prêt à scruter cette nouvelle page de l’Histoire avec une impatience empreinte d’espoir et d’exigence.

Par: Colylamine
Rédaction: Dakmedina.com