Ah, le fameux slogan !
« Diomaye moy Sonko », disait-on avec ferveur, comme une déclaration d’amour politique, une fusion mystique entre le calme du sage et le feu du tribun.
Mais aujourd’hui, la question grince sur toutes les lèvres : “Et si Diomaye n’était plus vraiment Sonko ?”
Le mariage du “projet” serait-il déjà en instance de divorce symbolique ?

Le pouvoir, on le sait, n’est pas un long fleuve tranquille ,c’est plutôt un test de fidélité… grandeur nature.
Et au Sénégal, les amitiés politiques ne résistent jamais très longtemps aux courants contraires du palais.
Lamine Gueye et Senghor s’y sont déjà laissés prendre : frères d’idéaux, ennemis d’idéaux aussi.
Senghor et Mamadou Dia ? Une alliance de visionnaires devenue tragédie institutionnelle.
Abdou Diouf et Habib Thiam ? L’amitié feutrée, polie, puis effacée.
Abdoulaye Wade et Idrissa Seck ? Une bromance flamboyante terminée au tribunal et dans les rimes amères.
Wade et Macky Sall ? L’histoire d’un fils politique qui a préféré fonder sa propre famille.

Et voilà donc que Diomaye et Sonko, nouveaux visages de la rupture, donnent à leur tour l’impression d’un tendem qui traverse sa première crise conjugale.
Les regards se font rares, les mots se pèsent, les absences se remarquent, bref, la passion du début de mandat semble déjà réclamer un séminaire de tendem politique.

Les uns jurent que rien n’a changé : « Diomaye moy Sonko, ne faites pas attention aux rumeurs ! »
Les autres, plus lucides, haussent les épaules : « Diomaye du Sonko, ça saute aux yeux ! »
Entre la posture présidentielle et la figure tribunicienne, le courant alterne, les connexions sautent, et parfois même le voltage institutionnel menace de disjoncter.

Et dans ce ballet de regards et de silences, chacun retient son souffle :
Qui, de Diomaye ou de Sonko, aura les nerfs les plus solides ?
Qui gagnera à l’usure ce duel feutré entre le pouvoir et l’influence ?
Le Président, dans son calme jupitérien ?
Ou le Premier ministre, dans sa fougue républicaine ?

Pendant ce temps, les observateurs se frottent les mains, les opposants jubilent, et le “système”, ce vieux renard rusé regarde le spectacle avec un sourire en coin.
Il n’a plus besoin de manigancer : il lui suffit d’attendre que le ciment de l’unité se fende de lui-même.

Mais attention : le peuple, lui, n’a plus le goût du théâtre.
Il a voté pour une promesse, pas pour une querelle d’ego.
Et s’il sent que le duo s’effrite, il pourrait bien ranger son espoir au placard avec les vieux slogans et les illusions d’antan.

Alors, chers Diomaye et Sonko, souvenez-vous :
L’histoire sénégalaise est un cimetière de tandems brisés.
Ne soyez pas les nouveaux noms gravés sur la pierre des amitiés défuntes du pouvoir.

2029 est encore loin, certes.
Mais à ce rythme, chaque silence pourrait valoir un paragraphe dans les futurs manuels d’histoire.
Et la question, elle, restera :
“Diomaye moy Sonko ?” ou “Diomaye du Sonko ?”

À suivre, au prochain épisode du feuilleton républicain.

Par: Colylamine
Redaction: Dakmedina.com