COMMUNIQUÉ DE PRESSE Arrestation de Maimouna Ndour Faye et de Babacar Fall : la CAP appelle à l’unité et à la mobilisation nationale
octobre 29, 2025
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La Coordination des Associations de Presse (CAP) dénonce avec la plus grande véhémence les arrestations des journalistes Maimouna Ndour Faye, Directrice générale de la 7TV, et Babacar Fall,
La Coordination des Associations de Presse (CAP) dénonce avec la plus grande véhémence les arrestations des journalistes Maimouna Ndour Faye, Directrice générale de la 7TV, et Babacar Fall, Directeur de la rédaction de la RFM et leurs techniciens. Ces actes, d’une extrême gravité, constituent des atteintes inqualifiables à la liberté de la presse.
La CAP dénonce également avec la même fermeté la coupure des signaux de la 7TV et de la TFM sur la TNT, intervenue aujourd’hui sans raison valable et en violation flagrante des procédures légales établies. Ces suspensions arbitraires s’ajoutent aux arrestations pour constituer une offensive coordonnée et sans précédent contre la liberté d’informer dans notre pays. Elle exige leur libération et le rétablissement des signaux coupés.
Ces interpellations et ces coupures de signaux surviennent dans un contexte particulièrement alarmant et paradoxal. Alors que Dakar accueille le Salon International des Médias d’Afrique (SIMA), réunissant des journalistes et acteurs des médias de plus de 23 nationalités, ainsi qu’une forte délégation de Reporters Sans Frontières (RSF) conduite par son Secrétaire général, M. Thibaut Bruttin, le pouvoir sénégalais envoie un signal désastreux à la communauté internationale. De surcroît, une mission du Fonds Monétaire International (FMI) séjourne actuellement dans nos murs pour finaliser un nouveau programme de coopération avec le Sénégal. Cette institution, dans ses critères d’appréciation de la bonne gouvernance démocratique, accorde une place prépondérante à la liberté de la presse et à la transparence. Comment le Sénégal peut-il prétendre respecter les standards internationaux de gouvernance tout en muselant ses médias?
S’agissant de la coupure des signaux de la 7TV et de la TFM, la CAP interpelle directement le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA), qui est l’organe habilité, selon des conditions précises définies par la loi 2006-04 du 4 janvier 2006, à suspendre le signal d’une télévision ou d’une radio. Toute suspension doit se faire dans le strict respect des droits de la défense, des procédures légales établies, et des cahiers de charges. Le silence du CNRA face à ces violations est assourdissant et interroge sur son indépendance réelle.
Depuis plus de 18 mois, les médias sénégalais subissent une série d’agressions et de tentatives d’étouffement systématiques qui visent à museler toute voix critique. Agressions en ligne de journalistes, convocations arbitraires, suspensions de médias, condamnations pour « offense » : la liste des atteintes à la liberté de la presse s’allonge de jour en jour.
Cette offensive intervient alors que le secteur des médias traverse une grave crise économique sans précédent depuis plus d’un an. Selon le rapport de Reporters Sans Frontières de mai 2025, « la presse agonise » au Sénégal, avec 80% des 180 médias étudiés confrontés à la « fragilisation économique ». Les coupes dans les subventions publiques, l’effondrement des revenus publicitaires, l’intensification des contrôles fiscaux, les arriérés de salaires pouvant atteindre 14 mois dans certaines structures, et les FADP 2024/2025 non versés ont plongé près de 400 médias dans une situation de survie. Dans ce contexte de crise profonde, les arrestations de dirigeants de médias et les coupures arbitraires de signaux apparaissent comme une tentative délibérée d’achever un secteur déjà exsangue.
Face à cette situation intolérable, la CAP appelle solennellement toute la presse sénégalaise à faire bloc et à éviter tout discours clivant et clanique pour des intérêts bassement matériels qui n’existent en réalité pas. Si de tels intérêts existaient véritablement, le secteur ne serait pas plongé dans cette grave crise économique. L’heure est à l’unité, à la solidarité et à la défense collective de notre profession et de nos libertés fondamentales. Les organisations faîtières de la presse sénégalaise doivent parler d’une seule voix pour défendre la liberté d’informer.
En conséquence, la CAP :
o Exige la libération immédiate et sans condition de Maimouna Ndour Faye et de Babacar Fall. o Exige le rétablissement immédiat des signaux de la 7TV et de la TFM, et des explications claires sur les motifs et les bases légales de ces coupures. o Interpelle directement le CNRA et lui demande de se prononcer publiquement sur ces coupures de signaux et de clarifier si les procédures réglementaires ont été respectées. o Interpelle solennellement les organisations de défense des droits humains, nationales et internationales, et tous les démocrates notamment Reporter Sans Frontière (RSF), Médias Fondation West Africa (MFWA), Article19, Amnesty International, Human Rights Watch, le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ), la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), et toutes les organisations de la société civile sénégalaise à se joindre à notre combat. o Annonce qu’elle travaille activement à la mise en place d’un plan d’action unifié
La liberté de la presse est non négociable. Elle est le socle de la démocratie sénégalaise et un bien commun que nous devons défendre collectivement. Nous ne reculerons pas. Nous ne nous tairons pas. Nous continuerons à informer, malgré les pressions, malgré les menaces, malgré les arrestations.
Le Sénégal a toujours été une référence en matière de liberté de la presse en Afrique de l’Ouest. Nous ne laisserons pas ce patrimoine démocratique être détruit par des pratiques autoritaires contraires à notre tradition républicaine et à nos engagements internationaux.
Fait à Dakar, le 29 octobre 2025
Pour la Coordination des Associations de Presse (CAP)