1 December 2025
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Le frère a trahi… et après ?

  • novembre 20, 2025
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Je vais être direct : ce que nous vivons fait mal. Humainement, profondément. Mais si on veut tenir debout, il faut regarder la situation en face, sans filtre,

Le frère a trahi… et après ?

Je vais être direct : ce que nous vivons fait mal. Humainement, profondément.

Mais si on veut tenir debout, il faut regarder la situation en face, sans filtre, sans illusion.

Depuis des semaines, je tourne autour d’une question simple : qu’est-ce que le pouvoir fait aux hommes ?

Entre frères, entre compagnons de lutte, entre gens qui ont partagé la même cellule, la même peur, la même espérance, quand on regarde l’histoire, on se rend compte que rien de ce qui nous arrive n’est inédit.

Senghor et Mamadou Dia, plus de vingt ans d’amitié. Dia, le « baye fall » de Senghor, loyal jusqu’au bout, incapable d’imaginer qu’on le planterait dans le dos. Il reste à la résidence de la Médina, calme, presque confiant, en attendant une issue qu’il croit encore juste.

Le procès aura finalement lieu. Et pendant des années, son nom disparaît des manuels. Comme si le pays avait décidé d’oublier celui qui s’était sacrifié pour lui.

Chirac et Balladur, trente ans de proximité, de confiance. Tout le monde se souvient du « Vois avec Édouard ». Puis un jour, plus rien. Rupture. Froid. Calcul.

Sankara et Blaise, les exemples ne finissent pas.

À chaque fois, la même leçon : le pouvoir ne pardonne ni la naïveté, ni l’innocence politique.

Alors, posons la question calmement :

Pourquoi croyons-nous que le duo Sonko–Diomaye serait, par nature, à l’abri de ces tensions-là ?

Jusqu’en 2024, Diomaye disait lui-même que Sonko « n’était pas son ami ».

On a pris ça à la légère. Aujourd’hui, ça pèse lourd. Pas comme une preuve, mais comme un indice.

Ma pensée stoïcienne, elle, murmure une vérité que peu acceptent : Ousmane, le pouvoir… c’est Dieu. Une chose a fini par s’imposer en moi : le pouvoir, c’est presque une forme de divin terrestre. Ce fameux Kun, « Sois ».

Quand le pouvoir dit « Sois », les liens personnels, les promesses, les serments de fraternité passent derrière. À partir de là, plus rien ne doit nous étonner.

Alors oui, disons-le clairement : le frère a trahi. C’est brutal, mais c’est ce que beaucoup ressentent.

La vraie question, c’est : et après ?

Allons-nous nous épuiser à le crier partout, à répéter la même phrase comme une plainte sans stratégie ?

Ou allons-nous accepter que le fait est là, qu’il ne changera pas par la seule force de notre indignation, et agir en conséquence ?

On entend souvent : « Yalla du setaan lii », Dieu ne laissera pas faire. Mais Dieu a laissé faire des guerres, des injustices, des colonisations, des assassinats politiques.

En politique, ce ne sont pas les plus justes qui écrivent l’histoire. Ce sont les plus organisés.

Regardez Mamadou Dia : il avait raison sur le fond, il avait tort sur la méthode. Il croyait que la vérité, à elle seule, vaincrait. L’histoire lui a donné raison… mais trop tard pour lui.

C’est pour ça que je dis : La gloire du traître précède toujours la reconnaissance du martyr.

Le martyr est célébré après sa mort. Le traître, lui, profite de sa victoire de son vivant.

À nous de décider dans quel camp nous voulons finir, pas en termes de morale, mais en termes de résultat.

Croire que le frère va accepter tranquillement le manteau de « traître » qu’on veut lui mettre sur les épaules, et perdre en plus la bataille de l’histoire, c’est se tromper lourdement sur la nature du pouvoir.

Il va se défendre. Il va se justifier. Il va avancer ses pions. À partir de là, nous avons deux options :

Soit on reste dans le choc émotionnel, la plainte, la nostalgie du « bon temps » ; soit on accepte que le frère suit sa logique, qu’il pose ses actes, et qu’il nous appartient, nous aussi, de poser les nôtres.

Tous ceux que l’histoire a oubliés avaient un point commun :

Ils avaient raison trop tôt… mais ils ont refusé de s’adapter au réel. Ils ont confondu justice morale et efficacité politique.

Je ne veux pas que nous répétions cette erreur.

Alors oui, le frère a trahi. Oui, ça fait mal. Oui, c’est injuste.

Mais maintenant, il faut faire ce que les grands font dans ces moments-là : reprendre nos esprits, ouvrir les yeux, analyser, anticiper, et jouer.

Parce qu’en politique, ceux qui refusent de jouer ne sont pas neutres. Ils sont déjà hors-jeu.

Ousmane SOW

Responsable Finance JPS Nationale

Coordonnateur JPS Médina

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