8 June 2025
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Bassin de rétention de Pikine 700 : La plaie écologique de Saint-Louis

  • juillet 8, 2024
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Le bassin de rétention du quartier Pikine 700 de Saint-Louis est l’un des sites proposés pour la phase 2 de la journée de mobilisation citoyenne « Sétal sunu

Bassin de rétention de Pikine 700 : La plaie écologique de Saint-Louis

Le bassin de rétention du quartier Pikine 700 de Saint-Louis est l’un des sites proposés pour la phase 2 de la journée de mobilisation citoyenne « Sétal sunu reew ». Une station de pompage a été érigée sur place pour l’évacuation des eaux pluviales, et ainsi éviter les inondations. Seulement le bassin est bloqué depuis quelques années car devenu un dépotoir d’ordures et un déversoir d’eaux usées domestiques des populations riveraines.

Fétide, pestilentiel, nauséabond, méphitique, rance, vireux… aucun de ces mots n’est de trop pour décrire l’endroit. Le décor est à la limite indescriptible. L’effluence, irrespirable. Le bassin de rétention du quartier Pikine 700 de Saint-Louis rend hideux le visage de la capitale du Nord. Des tas de déchets plastiques constitués de bouteilles d’eaux usées, de sachets, de seaux hors d’usage, de bouilloires abandonnées etc., bloquent l’entrée du canal. Des carcasses de moutons et autres animaux en contact avec les eaux usées devenues noirâtres rendent l’environnement invivable. Sur place, il est difficile de supporter l’odeur. Ce bassin, conçu pour accueillir les eaux pluviales dans la Vieille ville, est aujourd’hui l’une des plus grandes sources de problèmes à Saint-Louis. Surtout ceux liés aux inondations. En effet le bassin qui accueille toutes les eaux pluviales des sous-quartiers de Pikine et environs a vu ses canaux bloqués, causant une situation extrêmement difficile pendant l’hivernage. Autre conséquence du blocage de l’ouvrage : les populations vivent dans l’insalubrité 12 mois sur 12.

Le charretier Bathie Diouf et ses camarades ont installé leur quartier général à proximité. Ils vivent difficilement cette cohabitation. « Nous passons la nuit ici pour sécuriser nos chevaux. Mais c’est difficile de dormir correctement avec cette odeur. Nous demandons aux autorités de nous aider à curer ce bassin, et en retour, nous sommes prêts à monter un comité de veille pour empêcher les gens de revenir y déverser des ordures », a juré le jeune charretier. Il n’a pas fini de parler qu’un jeune talibé, âgé d’environ huit ans est venu vider le seau qu’il portait sur sa tête. Il était rempli de détritus de poissons et autres fruits de mer. A sa suite, Arame Niang, habitante du quartier est, elle aussi, venue verser sa bassine d’eau usée domestique. Interrogée sur son acte, elle minimise en soutenant qu’elle et sa famille se limitent à verser des eaux usées simplement. Ce sont les autres qui déversent des immondices, selon elle. Pourtant deux bennes à ordures sont installées à proximité du bassin à deux endroits différents. Si l’une est remplie d’ordures, l’autre est vide.

« Les gens n’en font qu’à leur tête »

Mais les populations riveraines, elles, semblent préférer le bassin comme dépotoir. « Le problème ici, c’est que chacun fait ce qu’il veut. On a beau décrié cette situation, les gens n’en font qu’à leur tête », a déploré Mouhamadou Moustapha Seck. Assis devant sa petite quincaillerie qui fait face au bassin de rétention, Saliou Seye dit être souvent chassé de sa place par l’odeur nauséabonde qui se dégage du « dépotoir » et les colonies de mouches virevoltantes. « Une fois j’étais malade et me suis rendu à l’hôpital des Chinois. Ils m’ont conseillé de m’éloigner des mauvaises odeurs qui se dégagent du bassin. Mais je ne peux pas changer de place pour le moment à cause du manque de moyens », a-t-il soutenu.

La reprise des travaux du bassin réclamée

Son collègue dit avoir, à plusieurs reprises, appelé dans les radios de la place pour interpeller les autorités sur l’état du bassin. Il assure que des animaux et même des hommes y tombent et sont souvent pris au piège dans le bassin. Quand cela arrive, ils utilisent des cordes pour les tirer de l’eau car personne n’ose s’y aventurer pour leur venir en aide. « Le bassin est profond. Mais de loin, on ne peut pas le savoir. Il est couvert par les déchets plastiques qui flottent au-dessus. Quelqu’un qui ne le sait pas peut se retrouver pris au piège dans le bassin en essayant de traverser », confie Abdou Diallo, un vieil homme. Cheikh Bamba Diagne, habitant de Pikine 700, est le point focal de l’association « Focus zéro inondation » à Saint-Louis. Le trentenaire, teint clair, est habillé en tee-shirt noir et pantalon gris. Avec ses camarades jeunes du quartier, ils sont en train de se mobiliser pour une réussite de la journée du 6 juillet. « Nous-nous organisons en ce moment. Nous sommes en train de voir avec les associations sportives et culturelles comment bien préparer le terrain avant l’arrivée du Premier ministre. La population doit se mobiliser pour aider l’Etat à assainir Saint-Louis », estime Bamba Diagne.

Comme solution, il préconise la fermeture de ce bassin à ciel ouvert. « Ce bassin doit être fermé. Si c’est fait, plus personne ne pourra y déverser des ordures », dit-il. Bamba Diagne déplore, par ailleurs, l’arrêt des travaux sur le site. « Les travaux ont été arrêtés bien avant la Tabaski, sans que nous ne sachions pourquoi. Il faut qu’ils soient achevés pour un peu atténuer les inondations pendant l’hivernage », estime M. Diagne. Cheikh Bamba annonce une campagne de sensibilisation des populations pour prévenir les actes d’incivisme. Il demande aussi qu’une police de l’assainissement soit installée au bassin de rétention de Pikine 700. En attendant, l’ouvrage, qui devait aspirer toutes les eaux de pluie de Pikine 700 et environs, est transformé en dépotoir d’ordures et en déversoir d’eaux usées domestiques.

Par Ndiol Maka SECK, Salla GUEYE, Jeanne SAGNA (textes), Mbacké BA (Photos)

Redaction: Dakmedina.com

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