Yandé Codou Séne, l’éternité d’une voix
- août 16, 2024
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Emportée par la faucheuse au royaume de l’éternité en 2010, Yandé Codou Sène, le rossignol de Somb, s’est tue à jamais. La célébration de l’anniversaire de son décès
Emportée par la faucheuse au royaume de l’éternité en 2010, Yandé Codou Sène, le rossignol de Somb, s’est tue à jamais. La célébration de l’anniversaire de son décès chaque 15 juillet, réveille chez beaucoup de Sénégalais, qui ont eu la chance d’être bercés par la voix de la cantatrice du Sine Saloum, le souvenir d’une chanteuse éclectique rappelant les prodiges du pays sérère.
Deux ans avant sa mort, en 2008, Yandé Codou Sène recevait l’un des derniers hommages de sa vie à travers le remarquable et touchant film documentaire de la réalisatrice sénégalaise, Angèle Diabang Brener. « Yandé Codou, la griotte de Senghor », l’intitulé de cette production cinématographique consacrait, dans un décor alliant poésie et tristesse, l’un des derniers mohicans ayant vécu comme témoin d’une partie si importante de l’histoire du Sénégal.
Yandé Codou Sène, décédée le 15 juillet 2010 à l’âge de 78 ans, a construit sa gloire autour de sa voix, de ses envolées lyriques et polyphoniques qui séduisaient tant le président Léopold Sédar Senghor. Cela, à tel point qu’elle devint la griotte attitrée du poète-président avec qui elle effectua de nombreuses tournées à l’intérieur du pays. L’artiste se servait parfois de sa puissante voix pour traduire en sérère les messages de Senghor dont elle seule pouvait interrompre les discours pour entamer un chant de louange.
La voix de Yandé Codou n’était ni aigue, ni grave. Elle était exceptionnelle et avait cette puissance surnaturelle qui plaisait à tout le monde. C’est sans doute la raison pour laquelle, près d’une décennie après sa disparition, sa musique agrémentée par du riti, de la guitare et du tambour, continue de traverser le temps et les générations. Les chants de la diva étaient uniques en leur genre. Ils sont composés avec une infusion omniprésente du souvenir, en rappelant la profondeur des terroirs sérères encore rebelles au train de la modernité, ces villages enchevêtrés dans des bosquets vierges et reliés par des pistes bordées de végétation qui font le charme du pays sérère. Mais également la richesse des cérémonies initiatiques dans le royaume du Sine Saloum de naguère, les rites et pratiques religieuses de ces contrés perdues.
Née en 1932 à Somb, région de Fatick, département de Gossas, Yandé Codou Sène a très tôt été nourrie par la chanson sérère du fait de ses origines griottes; seulement rien ne lui présageait un parcours musical de cette envergure. C’est à l’âge de 15 ans précisément qu’elle commença sa carrière dans les kassacks ou cérémonies d’initiation pour les circoncis.
Toutefois, ce n’est qu’à 65 ans, en 1997, qu’elle va mettre sur le marché son premier album (Night sky in Sine Saloum). Une production de 9 titres, dont « Salmon Faye », « Gaïndé », « Keur Mang Codou » ou encore le rythmique morceau « Gnaka Gniore Ndianesse », reflétant l’immensité de son talent. Flirtant avec la musique moderne au début des années 1990 à la suite de sa rencontre à Youssou Ndour, la dame aux lunettes noires a continué à inspirer la musique sénégalaise.
Yandé Codou Séne, ce n’est pas seulement une voix. C’est un élément du patrimoine culturel sénégalais. Un symbole de l’immortalité qui mérite d’être inscrit au panthéon des grands Hommes. Porte-étendard de la culture sérère, la griotte était plus qu’un artiste. Elle avait cette chose que les autres n’ont pas et qui fait le génie. Son répertoire est d’une richesse prodigieuse. Et son chef d’œuvre tout simplement inimitable.
Ibrahima BA
Redaction: Dakmedina.com