Ce dimanche 8 septembre 2024, sur les ondes de i-radio, Seydou Guèye, porte-parole de l’Alliance pour la République (APR), était l’invité de l’émission « Jury du Dimanche » (JDD). Au cours de cette émission, il a exprimé ses réserves sur plusieurs sujets d’actualité, notamment la reddition des comptes annoncée par le Premier ministre Ousmane Sonko, et la dissolution imminente de l’Assemblée nationale.

La reddition des comptes : entre devoir et risque de dérives

Seydou Guèye a affirmé que la reddition des comptes est un processus légitime et nécessaire pour assurer la transparence et la bonne gouvernance, soulignant qu’elle est « une figure imposée ». Il a rappelé les différents niveaux de contrôle au sein de l’État sénégalais, allant des inspections internes ministérielles, au contrôle financier, à l’Inspection générale d’État (IGE), jusqu’à la Cour des comptes. Cependant, il a mis en garde contre toute instrumentalisation de ce processus à des fins politiques.

Pour Seydou Guèye, bien que le principe de la reddition des comptes soit important, il s’oppose à ce qu’il considère comme une « chasse aux sorcières ». Il a critiqué ce qu’il perçoit comme une tentative du régime actuel de restreindre la liberté de mouvement de certains anciens responsables de l’État, rappelant le cas de Lat Diop, ancien ministre des Sports, qui aurait été empêché de quitter le pays. « La reddition des comptes ne doit pas être un instrument pour terroriser les anciens responsables, » a-t-il martelé, insistant sur la publication des rapports des différentes inspections comme étant la véritable priorité.

Les relations tendues entre l’ancien et l’actuel régime

Le porte-parole de l’APR n’a pas manqué de critiquer l’absence de dialogue entre l’ancien régime et les autorités actuelles.
Selon lui, le climat de confrontation instauré par le gouvernement Sonko n’est pas favorable à la paix sociale. « Ce qui fait la grandeur d’un homme d’État, c’est la paix qu’il construit », a-t-il souligné, regrettant l’offre « d’affrontement et de confrontation » proposée par le gouvernement en place.
Il a exprimé son inquiétude quant à l’avenir du pays sous la gouvernance actuelle, tout en réaffirmant que son parti, malgré les tensions, ne contribuerait pas à mettre en péril la stabilité nationale.

La dissolution de l’Assemblée nationale et les incertitudes sur la DPG

Un autre point d’achoppement abordé par Seydou Guèye concerne la Déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre Ousmane Sonko, qui pourrait ne pas se tenir devant l’Assemblée nationale en raison de sa dissolution imminente. Seydou Guèye a souligné l’importance de cette DPG pour informer l’opinion publique des orientations et priorités du gouvernement, mais il a exprimé des doutes sur sa tenue effective.

Il a également évoqué le fait que la dissolution de l’Assemblée nationale pourrait être une manœuvre pour éviter la confrontation devant les représentants du peuple. « C’est une prérogative du chef de l’État, mais changer de date et manipuler le calendrier ne grandit pas le Sénégal », a-t-il déploré.

Une opposition en quête de dialogue et de respect des institutions

Seydou Guèye a conclu en réaffirmant que l’opposition accepte la volonté divine et le verdict des urnes, tout en exigeant le respect du cadre institutionnel qui régit les relations entre le pouvoir et l’opposition. « Nous sommes prêts à jouer notre rôle de contre-pouvoir, car le Sénégal, tel qu’il est dirigé aujourd’hui, semble être kidnappé », a-t-il affirmé, appelant à des élections législatives pour « libérer le pays » et rétablir un équilibre politique en faveur de tous les Sénégalais.

Ainsi, la sortie de Seydou Guèye met en lumière les tensions persistantes entre l’ancien et l’actuel régime, tout en rappelant les enjeux de la transparence et de la justice dans la gouvernance du Sénégal.

Par: Colylamine

Redaction: Dakmedina.com