DÉCRYPTAGE : L’arbitre avait-il raison de refuser que Sadio Mané tire le pénalty contre le Burundi ?
septembre 11, 2024
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Le chrono du Bingu National Stadium indique la 66ème minute, Sadio Mané tombe après un contact avec un défenseur burundais, à la limite de la surface de réparation.
Le chrono du Bingu National Stadium indique la 66ème minute, Sadio Mané tombe après un contact avec un défenseur burundais, à la limite de la surface de réparation. L’arbitre de la rencontre, l’Egyptien Mohamed Maarouf Eid Mansour désigne le point de pénalty. Après l’intervention de soigneurs, Mané finit par se remettre debout. Le numéro 10 des Lions a le ballon entre les mains et s’apprête à tirer le pénalty. Il pose le ballon, prend son élan. L’arbitre Eid Mansour, contre toute attente, intervient en lui indiquant qu’il doit sortir du terrain.
Une décision qui annihile toute possibilité au recordman de buts en équipe nationale sénégalaise de frapper le pénalty. Ismaila Sarr, comme il l’avait fait lors du Mondial qatari face à l’Equateur (2-1), récupère le ballon et transforme le pénalty victorieux qui relance le Sénégal après le nul concédé, à domicile, face au Burkina Faso. Au-delà de la polémique issue de la plainte de la Fédération de Football du Burundi sur le pénalty accordé, la décision de l’arbitre égyptien d’empêcher Sadio Mané d’être sur le terrain et donc de frapper le pénalty interpelle.
Plusieurs hypothèses
L’Egyptien Mohamed Maarouf Eid Mansour aurait-il appliqué une partie du règlement mis en place par l’IFAB, (International football association board) de la FIFA. L’instance responsable des règles du football stipule que quand les soigneurs entrent sur le terrain à la suite de la blessure d’un joueur, ce dernier doit sortir du rectangle de jeu avant d’y revenir, uniquement sur autorisation de l’arbitre, après la reprise du jeu. Il y a aussi l’hypothèse selon laquelle M. Mansour, en demandant à Mané de sortir, aurait pris des précautions en redoutant une commotion cérébrale. Le pied haut du défenseur burundais aurait pu toucher la tête de l’attaquant sénégalais.
Mais après consultation du bréviaire « Lois du Jeu 2024-25 » de l’IFAB, l’instance qui détermine et fait évoluer les règles du jeu du football, le cas qui s’est posé lors du match Burundi – Sénégal fait partie de la loi 5 de l’arbitrage. La loi 5.1 porte sur l’autorité de l’arbitre, la 5.2 sur les décisions de l’arbitre mais c’est celle 5.3 sur les pouvoirs et devoirs de l’arbitre qu’il faut analyser pour retrouver un éclairage de ce cas d’école. Que dit-elle ?
Loi 5.3 sur les blessures
Si l’arbitre est chargé de « veiller à l’application des Lois du Jeu », et du « contrôle du match en collaborant avec les autres arbitres », la Loi 5.3 lui impose un certain nombre de normes en cas de blessures. Ainsi, l’arbitre doit arrêter « le jeu si un joueur est sérieusement blessé, et (doit s’assurer) que le joueur est transporté hors du terrain ». La Loi 5.3 poursuit : « Un joueur blessé ne peut être soigné sur le terrain et ne peut y retourner qu’une fois que je le jeu a repris : si le ballon est en jeu, le joueur doit retourner sur le terrain depuis la ligne de touche ; si le ballon est hors du jeu, il peut retourner sur le terrain depuis n’importe quelle limite du terrain ».
Cependant cette loi évoque des cas rares : « Des exceptions sont possibles si : » Et parmi celles-ci, il y a : « un pénalty a été accordé et le joueur blessé en est le tireur attitré ». Dans ce cas, le joueur n’est pas obligé de sortir car il doit tirer le pénalty. Ce qui fut le cas ce lundi 9 septembre 2024, à la 66ème minute du match Burundi-Sénégal, comptant pour la deuxième journée des qualifications Can Maroc 2025. Il n y a pas de doute que l’arbitre Mohamed Maarouf Eid Mansour n’a pas bien appliqué la Loi 5.3 des Lois du Jeu de l’IFAB. L’instance de la FIFA souhaite, dans l’absolu, une application homogène des Lois du Jeu sur tous les terrains du monde entier, qu’ils soient en Coupe du Monde ou lors d’un petit match dans les rues des villages les plus reculés. MD