ATEL, opportunité, nécessité ou éternel recommencement ?
septembre 20, 2024
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Le Sénégal, souvent décrit comme un modèle de démocratie en Afrique, n’a jamais cessé de surprendre par sa capacité à organiser des élections pacifiques, parfois dans un contexte
Le Sénégal, souvent décrit comme un modèle de démocratie en Afrique, n’a jamais cessé de surprendre par sa capacité à organiser des élections pacifiques, parfois dans un contexte tendu. Pourtant, avec la création de l’Alliance pour la Transparence des Élections (ATEL), l’opposition semble emprunter une voie familière, celle de la formation de coalitions pour assurer la transparence des scrutins. Mais cette démarche, aussi louable soit-elle, pose une question : est-elle véritablement nécessaire dans un pays où les dernières élections ont renforcé son statut d’exception en Afrique ?
En effet, le Sénégal a connu des moments historiques qui ont prouvé la maturité de son processus démocratique. L’élection de 2012 en est un exemple frappant. Un président sortant, Abdoulaye Wade, acceptant sa défaite face à Macky Sall après une alternance démocratique pacifique. Plus récemment encore, en 2024, le président Bassirou Diomaye Faye, élu dès le premier tour alors qu’il venait tout juste de sortir de prison, a été installé dans un climat de tranquillité. L’anticipation d’une crise par une partie de la communauté internationale s’est avérée infondée, le Sénégal prouvant une fois de plus sa résilience démocratique.
Cependant, l’histoire politique du Sénégal montre que les alliances de l’opposition pour garantir la transparence des élections ne sont pas nouvelles. On se souvient du Front pour l’Alternance Démocratique (FAD) en 2000, qui avait regroupé les forces de l’opposition pour évincer Abdou Diouf, ou encore de la coalition Benno Bokk Yakaar, qui a permis à Macky Sall de gagner en 2012. Ces alliances ont toujours servi de levier pour dénoncer les dysfonctionnements et réclamer un processus électoral plus juste.
La question qui se pose alors est de savoir si la création de l’ATEL répond à une véritable nécessité ou si elle symbolise un éternel recommencement. L’opposition avait-elle vraiment besoin d’une nouvelle entité pour défendre la transparence des élections alors que les précédentes élections ont été saluées comme exemplaires ? Ou est-ce plutôt une opportunité pour elle de s’unir dans un contexte politique en mutation, face à un régime qui, selon eux, pourrait chercher à se maintenir par des moyens discutables ?
La réponse n’est pas évidente. D’un côté, l’ATEL apparaît comme une plateforme indispensable pour garantir que les élections législatives de novembre 2024 se dérouleront sans fraude ni manipulation. De l’autre, on pourrait penser que cette démarche pourrait diluer les efforts de l’opposition, déjà affaiblie par des divisions internes. Néanmoins, l’ATEL montre que l’opposition sénégalaise, malgré les apparences, reste vigilante face aux défis électoraux à venir.
Ainsi, la création de l’ATEL peut être vue à la fois comme une opportunité stratégique pour l’opposition de se restructurer, mais aussi comme un énième retour à un modèle déjà vu. Toutefois, dans un contexte où la transparence est au cœur des préoccupations politiques, l’existence d’une telle entité reste essentielle. Le succès de cette nouvelle alliance dépendra sans doute de sa capacité à fédérer les forces vives de l’opposition tout en évitant les pièges du passé.