[Reportage] Cité Lébougui et Unité 11 de Jaxaay: La hantise des eaux usées
juillet 6, 2024
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Plusieurs quartiers de Jaxaay cohabitent avec les eaux usées, toute l’année. L’absence de canaux d’évacuation est, pour beaucoup, dans cet environnement pollué et conquis par les moustiques. À
Plusieurs quartiers de Jaxaay cohabitent avec les eaux usées, toute l’année. L’absence de canaux d’évacuation est, pour beaucoup, dans cet environnement pollué et conquis par les moustiques. À tel point que les populations de la cité Lébougui et de l’Unité 11 veulent une solution rapide.
La sueur dégoulinant sur son visage, le regard concentré, Ndaw Diouf n’en a cure de la canicule. Il continue à remblayer ce terrain nu conquis par les eaux stagnantes depuis belle lurette. « Ces eaux sont là depuis trois ans, on peut dire. C’est très risqué pour les habitations », dit-il en continuant son remblai. Dans cette cité Lébougui, jouxtant les Parcelles assainies de Jaxaay, la cohabitation avec les eaux de ruissellement de toutes sortes est le lot quotidien des populations. En atteste la nature du sol qui est en permanence mouillé. La nappe affleure dans cette localité de Keur Massar où, à cause du manque de canaux d’évacuation, les problèmes se multiplient. Dans les rues et ruelles de cette cité ainsi que les quartiers environnants allant du lycée de Jaxaay à l’intérieur, on a l’impression d’être en pleine période de saison des pluies. Les eaux nauséabondes, la plupart du temps, dégoulinent de partout.
Dans chacune des maisons, les fosses septiques évacuent leur trop-plein de liquide fétide et verdâtre. Trouvée devant la maison à étages où elle habite avec sa famille, Maïmouna Ka vit à la cité Lébougui depuis plusieurs années. C’est avec le cœur meurtri qu’elle partage son quotidien. « On cohabite avec les eaux en permanence. Vous avez constaté vous-même, le sol est mouillé et les eaux s’échappent des fosses partout. C’est compliqué à vivre », fait-elle savoir. Même si la maison où elle habite est bien construite et carrelée de haut en bas, la dame déplore l’état de la fosse. « C’est encore rempli et cela crée des odeurs partout dans la maison », regrette-t-elle. Sa voisine, Aïssata Tall, tourne la tête et pointe du doigt le couvercle de la fosse de sa maison. « Vous avez vu, dès qu’on met de l’eau dans la douche, l’eau sort automatiquement », dit-elle.
Face à ce problème d’évacuation des eaux, les habitants font sans cesse appel aux camions de vidange. Presque toutes les deux semaines, les pères et mères de famille de cette cité pensent à vider les fosses. « En moyenne, il faut dépenser, pour chaque voyage, 30.000 Fcfa et parfois, le camion peut faire deux aller-retour. Ce n’est pas une petite somme ça », souligne Maïmouna Ka.
Paludisme, maladies diarrhéiques…
En face de la cité Lébougui, l’Unité 11 des Parcelles assainies est caractérisée par les îlots d’herbes sauvages où les troupeaux de bœufs déambulent à longueur de journaux. C’est presque une zone de pâturage en plein cœur de la ville. Là aussi, les eaux ont fini de s’installer dans une grande partie du quartier, rendant difficile la circulation parfois. La mère de famille, Aminata Sarr, évoque les mêmes problèmes constatés par les populations de Lébougui. Pour elle, les habitants de Jaxaay et environs ne savent plus où donner de la tête à cause de ces eaux. Il s’y ajoute les maladies que développent les habitants, les enfants en particulier, à cause de la nature du sol. « On note ici beaucoup de maladies diarrhéiques chez les enfants et des cas de paludisme dans le quartier », révèle Siaka Diédhiou, habitant non loin du lycée. Ce dernier qui habite Jaxaay depuis 2012 trouve que les jeunes n’ont plus d’espace où jouer le football ou encore moins se livrer à des plaisirs de jeunesse. Pour lui, la construction de la route allant du siège de la Senelec à l’intérieur est pour beaucoup dans la stagnation des eaux. « Quand on faisait cette route, les techniciens avaient mis une toile avant de la couvrir de latérite. Depuis lors, le circuit de l’eau est bloqué », dit-il comme explication. L’absence de canaux d’évacuation est aussi indexée par le bonhomme.
Ces populations qui prennent l’eau partout, et ce, avant l’hivernage se débrouillent avec les moyens du bord. Une longue tranchée est creusée par ici et un tuyau Anaconda de près d’un kilomètre est posé par là. L’arrivée des premières pluies donne déjà des sueurs froides à ces populations. Surtout que les spécialistes annoncent une saison pluvieuse cette année.