Dans la culture sénégalaise, la parole a toujours occupé une place centrale, un socle de respect et de confiance sur lequel reposent les relations humaines, qu’elles soient politiques, sociales ou économiques. Pourtant, entre le « wax waxet » (changement de parole) et le « wax dieuf » (parole suivie d’actes), une question persiste : quelle est la valeur réelle de la parole donnée au Sénégal aujourd’hui ?

Le « wax dieuf », l’idéal auquel tout chef doit aspirer, représente la parole concrétisée par l’action. Dans les traditions sénégalaises, la parole donnée n’a de sens que lorsqu’elle est suivie d’un acte tangible. C’est cette intégrité qui forge la crédibilité d’un leader, que ce soit au sein de la famille, de la communauté ou dans les plus hautes sphères de l’État. Un chef qui respecte sa parole, qui fait suivre ses promesses d’actions concrètes, renforce non seulement son autorité mais aussi la confiance du peuple.

Cependant, le « wax waxet » s’invite de plus en plus dans les discours, particulièrement dans la sphère politique. Les dirigeants modernes, souvent soumis à des pressions multiples et à des réalités changeantes, sont parfois contraints de revenir sur leurs promesses, alimentant ainsi un sentiment de défiance au sein de la population. Ce revirement de parole, qu’il soit justifié par des raisons économiques, diplomatiques ou autres, a un impact direct sur la perception de la sincérité et de la fiabilité des leaders.

À l’échelle nationale, cette tendance au « wax waxet » a des conséquences profondes. Elle érode la confiance du public envers les institutions et les hommes politiques. Dans un contexte où les promesses électorales ne sont pas toujours suivies d’actions concrètes, les citoyens se sentent souvent trahis, ce qui nourrit la désillusion et la frustration. La parole qui autrefois représentait un engagement solennel, un serment sacré, semble aujourd’hui sujette à des fluctuations selon les circonstances.

Mais cette évolution n’est pas uniquement l’apanage du monde politique. Le « wax waxet » s’observe également dans les relations quotidiennes, qu’elles soient professionnelles ou familiales. Face aux exigences modernes, aux incertitudes économiques et aux pressions sociales, il devient de plus en plus difficile pour les individus de maintenir une parole ferme et invariable. Ce phénomène reflète un changement plus large dans la société sénégalaise, où la parole n’a peut-être plus la même portée qu’autrefois.

Cependant, tout n’est pas perdu. Des efforts sont déployés pour restaurer l’importance du « wax dieuf », en particulier dans les cercles de la société civile et des autorités traditionnelles. Ces structures, qui s’appuient sur des valeurs ancestrales, rappellent constamment aux leaders modernes que la parole n’a de valeur que si elle est suivie d’actes. La crédibilité d’un chef, qu’il soit politique, religieux ou communautaire, repose en grande partie sur sa capacité à traduire ses mots en actions concrètes et bénéfiques pour la société.

Alors, à quoi vaut la parole au Sénégal aujourd’hui ?

La réponse dépend du contexte dans lequel elle est donnée et surtout de la capacité de celui qui la prononce à l’incarner dans ses actions. Dans un monde en constante mutation, le défi pour les leaders sénégalais est de faire en sorte que leurs paroles ne restent pas des promesses vides, mais deviennent des engagements suivis d’actions concrètes.

Ainsi, le *wax dieuf* reste l’idéal auquel tout leader doit aspirer. Car, comme le disent souvent les anciens, « un homme n’a que sa parole ». Et lorsque cette parole est trahie, c’est la confiance qui se brise. Au-delà des discours et des promesses, ce qui compte réellement, c’est la capacité à transformer ces mots en réalité pour le bien de tous

Par: Colylamine

Redaction: Dakmedina.com

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