23 December 2024
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HISTOIRE/ Dagana, les survivances du pouvoir féminin

  • septembre 24, 2024
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Le Walo, région historique du Sénégal, continue à célébrer ses femmes, notamment ses Linguères (reines). Elles ont gravé, dans le marbre de l’histoire, leur empreinte en décidant, le

HISTOIRE/ Dagana, les survivances du pouvoir féminin

Le Walo, région historique du Sénégal, continue à célébrer ses femmes, notamment ses Linguères (reines). Elles ont gravé, dans le marbre de l’histoire, leur empreinte en décidant, le mardi 7 mars 1820, de s’immoler collectivement plutôt que de tomber entre les mains des esclavagistes maures venus du Trarza. Fatim Yamar Khuri Yaye, tout comme ses filles Ndatte Yalla et Ndieumbeut Mbodj, et Mbarka Dia, ont su valoriser la dignité, la bravoure et l’honneur.

À Dagana, l’ancienne capitale du Walo, la statue de la dernière reine, Ndatte Yalla, érigée à la place de l’indépendance de la ville, non loin de la préfecture, exhume le passé des Linguères qui ont préféré s’immoler par le feu plutôt que de se rendre comme prisonnières à l’ennemi. Cette figure historique nationale, trônant sur ce site, reflète l’image d’une femme qui incarne la prestance et le pouvoir naturel. Debout sur une estrade, elle domine d’une certaine hauteur les alentours.

Notre guide du jour, l’historien Doudou Bakhao Diaw, distingué pour sa maîtrise des événements survenus à Dagana, nous replonge dans ce passé glorieux.

Il est présenté comme la personne indiquée pour nous parler du vécu de ces reines qui ont incarné aussi bien des valeurs traditionnelles qu’étatiques. Historien, M. Diaw, un ancien du Prytanée militaire, est un passionné d’Histoire dont il feuillète les pages. Il choisit de nous faire découvrir, à travers une visite guidée, la splendeur de l’ancienne capitale du Walo. Celle-ci semble renaître de ses cendres grâce aux infrastructures routières qui la rendent plus accessible, mais aussi grâce à ses belles bâtisses qui émergent de plus en plus.

En ce début du mois de septembre, le sol est tapissé de verdure. L’hivernage est passé par là. Il révèle la beauté de la nature. Une belle végétation pousse. Le paysage est verdoyant et varié. Des troupeaux de chèvres sortent souvent au galop. D’autres bêtes de champ cohabiteraient avec elles. Durant le trajet, notre guide met en valeur la spécificité du Walo, en plein cœur du royaume des Wolofs. « C’est une ville moderne ; elle reflète la noblesse de ses habitants », nous souffle-t-il.

L’aristocratie a un sens, selon ses mots, au Walo où les Linguères ont toujours exercé le pouvoir et les plus hautes fonctions. La société est enracinée dans les valeurs matriarcales. « On n’est noble, prince ou roi selon la mère », précise M. Diaw.

Dans ce royaume, les femmes se sont émancipées du joug des hommes. Notre guide pointe aussi du doigt des disparités qui existent entre les communautés wolofs, la prévalence du mariage interethnique en vue de préserver l’héritage des anciens voire de la lignée royale. Il met le focus sur des réalités culturelles et religieuses qui différencient une communauté d’une autre. Des différences qui ont aussi leur côté charmant.

« Les femmes du Walo n’ont rien à envier à celles du monde entier. Elles ont été reines, chefs d’État et chef de guerre. Dans la société wolof, il existait un pouvoir masculin et un pouvoir féminin. Le roi et la reine détenaient, chacun, sa cour le pouvoir. Celle-ci gardait sa couronne en l’absence ou à la disparition du roi. Elle continue sa régence. Ce n’est pas fortuit si c’est une femme qui a signé un traité militaire avec l’émir de Trarza Amadou Makhtar », explique M. Diaw. À l’en croire, celles qui sont originaires de cette localité ont toujours incarné à merveille le leadership féminin. Elles ont, dans leur majorité, toujours été impliquées dans la gestion du pouvoir ou des affaires de la cité.

Il cite, à cet effet, l’exemple de la ministre Aminata Mbengue Ndiaye, actuelle Secrétaire générale du Parti socialiste, une formation historique qui a gouverné le pays des indépendances à 2000. D’autres parlent de Aïda Mbodj qui est née à Bambey. Chef de parti et plusieurs fois ministre, elle a été candidate à la présidentielle.

Hadja Diaw GAYE, Matel BOCOUM

(texte) et Ndèye Seyni SAMB (photo)

Redaction: Dakmedina.com

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