Le débat tant attendu entre Ousmane Sonko et Amadou Bâ, deux des figures politiques les plus en vue au Sénégal, n’aura finalement pas lieu. Ce face-à-face, que de nombreux citoyens espéraient avant les législatives du 17 novembre, a été rejeté par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), qui invoque le principe d’égalité de traitement entre les candidats.

Mamadou Oumar Ndiaye, le nouveau président du CNRA, a expliqué que permettre un débat entre ces deux protagonistes, sans inclure les autres candidats, constituerait une entorse à la loi électorale, qui exige une stricte équité. « Pourquoi seuls deux candidats auraient-ils le droit de débattre, et pas les autres ? » s’est-il interrogé, soulignant que le CNRA veille à garantir l’égalité, l’équité et l’équilibre dans la couverture médiatique.

Dans des pays où la démocratie est solidement ancrée, les débats politiques entre les principaux candidats sont des moments forts, permettant de hausser le niveau des discussions publiques et d’offrir aux citoyens une meilleure compréhension des visions et programmes proposés. De célèbres confrontations télévisées, comme celles qui opposent régulièrement les candidats à la présidentielle aux États-Unis, en France ou encore en Allemagne, illustrent combien de tels échanges peuvent éclairer l’opinion publique et élever le débat démocratique.

Au Sénégal, où le débat politique s’est parfois enlisé dans des invectives et des attaques personnelles, un face-à-face entre Sonko et Bâ aurait été une opportunité unique de recentrer les discussions sur des enjeux de fond, notamment sur l’avenir économique, social et politique du pays. Ce débat aurait pu marquer un tournant vers une politique plus saine et constructive, en relevant le niveau des échanges électoraux, de plus en plus ternis par des querelles stériles.

Bien que des personnalités politiques comme Thierno Alassane Sall et Barthélémy Dias aient proposé d’élargir le débat à d’autres têtes de liste, le CNRA n’a pas encore été saisi formellement de cette proposition. Pour l’instant, Mamadou Oumar Ndiaye reste sur la ligne de la légalité stricte, précisant que le CNRA interviendra uniquement si une diffusion officielle du débat est programmée par un média.

Ce refus de débat, bien que justifié par des raisons d’équité, soulève des interrogations sur la capacité du Sénégal à organiser des confrontations directes entre ses principaux acteurs politiques. Un tel événement, dans un cadre réglementé et inclusif, aurait pu rehausser la qualité des échanges et montrer que la démocratie sénégalaise est mûre pour des débats de fond, où les idées priment sur les attaques personnelles.

Le Sénégal mérite des débats à la hauteur des défis auxquels il fait face, et les électeurs auraient sans doute apprécié un échange direct entre ces deux figures de proue, offrant ainsi une plateforme pour des discussions riches et constructives.

Par: Colylamine

Rédaction: Dakmedina.com