La transhumance politique : fléau et contre-valeurs pour la société sénégalaise
novembre 9, 2024
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Au Sénégal, la transhumance politique est devenue une réalité persistante, un fléau qui gangrène notre démocratie et en altère les valeurs fondamentales. Avec l’arrivée au pouvoir de Pastef,
Au Sénégal, la transhumance politique est devenue une réalité persistante, un fléau qui gangrène notre démocratie et en altère les valeurs fondamentales. Avec l’arrivée au pouvoir de Pastef, ce phénomène a pris une nouvelle tournure, se dissimulant sous des appellations modernes : « soutien sans condition » pour les uns, « mobilité politique » pour les autres, et même « supporter » pour les plus audacieux. Peu importe le terme, cette transhumance s’inscrit toujours dans une logique d’opportunisme où l’intérêt personnel prime sur les convictions.
Aujourd’hui, la transhumance s’apparente à un art complexe, un jeu de stratégie pour des politiciens qui voient dans chaque transition de pouvoir une occasion d’échapper aux comptes à rendre ou de se rapprocher des nouvelles élites. Hier encore loyaux à Macky Sall, certains se pressent désormais aux portes de Pastef, espérant ainsi se garantir un avenir politique ou éviter les poursuites judiciaires visant les dignitaires de l’ancien régime. Pourtant, cette course effrénée au ralliement dénature le débat politique et déstabilise la confiance des citoyens envers leurs représentants.
La transhumance s’installe profondément, malgré l’indignation qu’elle suscite. Dans notre culture sénégalaise, la parole donnée est sacrée ; trahir un engagement est une aberration. Et pourtant, cette notion de fidélité semble désormais facultative pour nombre de politiciens, qui n’hésitent pas à renier leurs convictions à chaque changement de vent. Comme le souligne Mohamed Dia, citant Simon de Bignicourt : « la politique et la coquetterie sont synonymes ; elles ne sont que l’art de mentir ». Sous les projecteurs, les mensonges des politiciens sont d’autant plus visibles, et pourtant ils se perpétuent, normalisant peu à peu l’hypocrisie au sein de l’espace public.
Le transhumant et celui qui l’accueille partagent une caractéristique commune : l’instabilité morale. Passer d’un camp à l’autre, sous des prétextes souvent absurdes, révèle une profonde indisposition éthique, un mépris pour les valeurs de vérité et de justice. Les politiciens transhumants incarnent une forme de sophisme, où la vérité et la morale deviennent relatives, interprétées au gré des intérêts du moment. Face à cette incohérence, certains intellectuels tentent encore de défendre cette pratique, invoquant des « contextes différents » pour justifier l’injustifiable, alimentant ainsi un cynisme généralisé et un mépris croissant pour les institutions.
La transhumance politique ne produit que des alliances fragiles et des coalitions de circonstance, vouées à l’échec par leur manque de fondements moraux. Elle affaiblit notre démocratie et génère une confusion qui brouille les lignes entre engagement sincère et intérêt personnel. Si nous continuons à tolérer cette pratique, nous risquons de voir disparaître les valeurs de loyauté et d’intégrité de notre société.
Il est urgent que la société sénégalaise exige de ses dirigeants une conduite exemplaire, débarrassée de ces manœuvres opportunistes. La transhumance politique, dans ses nouvelles formes, n’apporte que des contre-valeurs, minant le rapport de confiance entre gouvernants et gouvernés. Pour bâtir un Sénégal fondé sur la probité et la transparence, il nous faut mettre un terme à ce spectacle de compromissions qui nous prive d’une véritable démocratie.