Les images de milliers de jeunes Sénégalais se pressant devant les bureaux de dépôt pour tenter leur chance dans le cadre du programme de migration circulaire vers l’Espagne sont à la fois saisissantes et préoccupantes. Cette scène témoigne d’une quête effrénée de mieux-être, mais surtout d’un profond malaise social et économique. Derrière ce rêve d’un Eldorado espagnol, où la cueillette des fruits promet un revenu salvateur, se cache un aveu cinglant : les politiques publiques sénégalaises ont échoué à offrir des perspectives d’avenir aux jeunes.

Un exode symptomatique d’une crise sociale

Le programme de migration circulaire, qui permet à des Sénégalais âgés de 25 à 55 ans de travailler temporairement en Espagne, est présenté comme une opportunité. Pourtant, il reflète une vérité plus sombre. Ces milliers de jeunes ne cherchent pas seulement à profiter d’un programme international, ils fuient une réalité où le chômage et la précarité les acculent à l’exil.

Ce phénomène soulève une question cruciale : pourquoi une jeunesse pleine de potentiel choisit-elle de quitter son pays au péril de sa vie, pour des emplois précaires à l’étranger ? La réponse est claire : l’absence de politiques publiques efficaces pour créer des emplois décents et offrir des conditions de vie dignes.

Un miroir des échecs passés

Depuis des décennies, les gouvernements successifs ont promis monts et merveilles à cette jeunesse. Pourtant, les infrastructures économiques peinent à absorber la main-d’œuvre, et les secteurs clés restent sous-développés. Les politiques d’emploi se sont souvent limitées à des initiatives symboliques ou mal planifiées, sans impact durable sur le terrain.

Ce programme de migration, bien que bénéfique pour certains, met en lumière un paradoxe troublant : un pays qui prône la souveraineté économique et sociale mais qui incite, indirectement, sa jeunesse à chercher ailleurs ce qu’il ne peut lui offrir.

Un avertissement aux nouveaux dirigeants

Pour les nouveaux dirigeants, cette ruée vers l’Espagne est un signal d’alarme. Elle illustre l’urgence de réformer en profondeur les politiques économiques et sociales. Les jeunes Sénégalais ne demandent pas l’aumône, mais des opportunités pour bâtir leur avenir dans leur propre pays.

Les efforts doivent se concentrer sur la création d’emplois durables, le développement des secteurs porteurs comme l’agriculture, les énergies renouvelables et les technologies, et l’accompagnement des jeunes entrepreneurs. Sans une réponse rapide et efficace, le désespoir continuera d’alimenter l’exode massif et de fragiliser davantage le tissu social.

Un choix ou une nécessité ?

Partir en Espagne pour cueillir des fruits ne devrait pas être l’unique solution pour échapper à la misère. Il est temps de transformer ce drame en opportunité de changement. Pour cela, les dirigeants actuels doivent entendre le cri de détresse de cette jeunesse et agir, non par des promesses populistes, mais par des actions concrètes.

L’avenir du Sénégal repose sur sa jeunesse. Si elle est contrainte de chercher refuge ailleurs, c’est toute la nation qui s’appauvrit. L’heure est venue de prouver que rester au pays peut aussi être un rêve possible.

Par: Colylamine

Redaction: Dakmedina.com