MACKY SALL FACE AUX ACCUSATIONS : ENTRE RIPOSTE ET DÉNONCIATION D’UNE CABALE POLITIQUE
février 27, 2025
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L’ancien président sénégalais Macky Sall sort de son silence. Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, il a répondu aux menaces de poursuites judiciaires brandies par le nouveau
L’ancien président sénégalais Macky Sall sort de son silence. Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, il a répondu aux menaces de poursuites judiciaires brandies par le nouveau gouvernement à la suite de la publication du rapport de la Cour des comptes. Droit dans ses bottes, il rejette toute accusation de mauvaise gestion et dénonce une instrumentalisation politique visant à ternir son bilan.
Alors que certains de ses anciens collaborateurs pourraient bénéficier d’une loi d’amnistie, Macky Sall adopte une posture offensive face aux accusations de mauvaise gestion financière. En déplacement en Afrique du Sud le 27 février pour le lancement de La déclaration du Cap – une initiative visant à alléger la dette des pays africains –, il a balayé d’un revers de main les conclusions du rapport de la Cour des comptes, qu’il juge biaisées.
« Je n’ai peur de rien. Ils peuvent poursuivre s’ils veulent. Mon bilan est là, visible, et je n’ai rien à cacher », affirme-t-il, martelant avoir toujours gouverné avec transparence et dans le respect des institutions. Il critique une volonté manifeste de discréditer son héritage politique plutôt qu’une réelle quête de justice.
Le rapport de la Cour des comptes pointe une sous-évaluation de la dette publique sénégalaise sous la présidence de Macky Sall, évoquant un niveau proche de 100 % du PIB fin 2023 et atteignant 110 % en 2024. L’ancien chef de l’État réfute ces chiffres et accuse l’institution de « tout mélanger ».
« Il est impossible de dissimuler la dette extérieure du Sénégal, car toutes les transactions passent par la BCEAO », se défend-il, insistant sur le fait que la dette multilatérale et bilatérale est systématiquement enregistrée. Selon lui, la Cour des comptes a mis en exergue des opérations normales, notamment les emprunts contractés par le Trésor public auprès des banques locales pour assurer les dépenses courantes.
« Ces crédits relais sont des pratiques standards en attendant les décaissements des bailleurs internationaux comme la Banque africaine de développement ou l’Agence française de développement », explique-t-il, affirmant que son gouvernement n’a rien à cacher sur ces transactions.
Macky Sall refuse de voir son bilan réduit à ces polémiques. Il rappelle les avancées majeures de son mandat, mettant en avant des projets phares tels que le Train Express Régional (TER), les progrès dans le secteur énergétique et l’amélioration des services publics.
« Nous avons travaillé à bâtir un pays moderne, tourné vers l’avenir. Ceux qui nous succèdent devraient se concentrer sur la poursuite de ce travail plutôt que de chercher des boucs émissaires », lance-t-il, en réponse aux critiques sur sa gestion économique.
Derrière ces échanges musclés, une réalité se dessine : la lecture de la gestion financière sous Macky Sall devient un enjeu politique. L’ancien président estime que les accusations portées contre lui ne sont pas liées à des manquements économiques, mais bien à une tentative du nouveau pouvoir de fragiliser son image.
« J’ai été informé du niveau d’endettement en même temps que tout le monde, par la bouche du Premier ministre », lâche-t-il, dénonçant une absence de concertation et une volonté de l’écarter du débat.
La question demeure : cette bataille judiciaire annoncée sera-t-elle menée au nom de la transparence et de la reddition des comptes, ou s’agit-il d’un règlement de comptes politique sous couvert de justice ? Seul l’avenir nous le dira.