5 October 2025
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LE FOU DU ROI : QUAND LA RAISON VACILLE SOUS LES ASSAUTS DE LA PASSION

  • mars 21, 2025
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Dans la grande comédie humaine, il y a toujours un fou du roi. Ce personnage pittoresque, oscillant entre bouffonnerie et lucidité, rappelle aux puissants une vérité simple :

LE FOU DU ROI : QUAND LA RAISON VACILLE SOUS LES ASSAUTS DE LA PASSION


Dans la grande comédie humaine, il y a toujours un fou du roi. Ce personnage pittoresque, oscillant entre bouffonnerie et lucidité, rappelle aux puissants une vérité simple : le pouvoir doit être exercé avec raison et non dicté par la passion. Mais voilà, dans nos contrées où l’émotion règne en maître, la raison semble avoir déserté le trône, laissant place aux élans capricieux des cœurs enflammés.

_Une affaire dans l’affaire pour noyer l’affaire_ 

On connaît la rengaine : quand un scandale éclate, il ne faut pas chercher à l’éteindre avec des faits et du bon sens. Non ! Il faut inventer un contre-scandale, une diversion, une tempête plus grande que la première. C’est ainsi que, pour noyer son chien, on l’accuse de rage. Et pour noyer une affaire embarrassante, il suffit d’en créer une autre, plus bruyante, plus indignée, plus passionnée. Pendant que les foules s’agitent autour de la nouvelle polémique, l’affaire initiale s’évapore discrètement.

Joseph Goebbels, maître en propagande, l’avait bien compris : « Plus le mensonge est gros, mieux il passe. » Aujourd’hui encore, ce principe est appliqué avec brio. L’émotion l’emporte sur la réflexion, et les foules gobent goulûment des fables bien ficelées, tant qu’elles flattent leurs sentiments. Pourquoi s’embarrasser de la vérité quand on peut manipuler l’opinion par des récits bien huilés, pleins d’indignation et de drames fabriqués ?

« L’émotion est nègre, la raison est hellène » : Quand Senghor nous tend un miroir

Léopold Sédar Senghor, ce chantre de la raison poétique, avait prophétisé le dilemme : « L’émotion est nègre, la raison est hellène. » Une phrase qui, aujourd’hui encore, résonne dans notre sphère publique et privée. Il suffit d’observer la gestion des crises, des conflits et même des simples décisions administratives pour constater l’omniprésence de l’émotion et la fuite systématique de la rationalité.

Un débat sur un projet d’intérêt national ? Il tourne rapidement à la bataille de clans, où l’objectivité se fait étriper par l’exaltation partisane. Une réforme impopulaire ? Plutôt que d’en expliquer les fondements, on alimente le pathos et l’indignation. La politique est devenue un théâtre où la démagogie tient le premier rôle, sous les applaudissements nourris d’un public qui confond passion et engagement.

Tocqueville l’avait prédit avec une acuité glaçante : « On domine plus facilement les peuples en excitant leurs passions qu’en s’occupant de leurs intérêts. » Et quelle meilleure manière d’exciter les passions que d’inventer des polémiques incessantes, de pointer des ennemis imaginaires et d’agiter des peurs collectives ?

Un peuple en quête de tutelle et de liberté à la fois

Le paradoxe est là. Comme l’écrivait encore Tocqueville, « Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies : ils sentent le besoin d’être conduits et l’envie de rester libres. » Ils veulent des dirigeants forts, omnipotents, capables de répondre à leurs moindres préoccupations, mais rêvent en même temps d’une liberté totale, sans entraves ni contraintes.

Ne pouvant renoncer à l’un ou à l’autre, ils imaginent un système où l’État est à la fois tuteur et serviteur, omniprésent mais élu, dirigiste mais démocratique. Ainsi, ils se donnent bonne conscience : « Nous avons choisi nos maîtres, donc nous restons libres. » Mais cette illusion ne trompe que ceux qui refusent de voir que leur liberté se réduit à de simples choix encadrés par ceux-là mêmes qu’ils prétendent contrôler.

Gouverner, gérer et agir avec raison, pas avec passion !

Dans cette cacophonie où chacun cherche à imposer son émotion comme vérité absolue, le bon sens s’éclipse. Pourtant, la gouvernance exige du pragmatisme, de la rationalité et une vision à long terme. Or, quand les décisions sont prises sous l’emprise de la colère ou de l’euphorie, elles aboutissent à des catastrophes.

La passion en politique est comme le feu : utile lorsqu’il est maîtrisé, mais destructeur lorsqu’il s’emballe. Gouverner avec la raison, c’est accepter le débat contradictoire sans s’enflammer, trancher les dilemmes avec lucidité et refuser les emballements médiatiques dictés par l’émotion pure.

Le Fou du Roi rit… mais il pleure aussi

Le Fou du Roi, ce personnage qui ose dire ce que d’autres taisent, regarde cette société où la passion est devenue loi. Il ricane devant les indignations sélectives, s’amuse des manipulations grossières, mais au fond, il pleure l’absence de raison. Car si l’émotion est une force, elle ne doit pas être un gouvernail.

Que restera-t-il de cette époque où la passion dicte la loi et où l’affaire du jour enterre celle d’hier ? Rien, sinon un grand vacarme… et quelques fous, seuls, à rappeler que la raison est la clé d’une société équilibrée.

Par: Colylamine
Rédaction: Dakmedina.com

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