24 April 2025
A la une Actualités International Médina Politique Société

LOI INTERPRETATIVE : LE CAMOUFLET TRIOMPHAL DE LA RÉPUBLIQUE DE L’ AMBIGUÏTÉ

  • avril 24, 2025
  • 0

Par: Colylamine Il était une fois, dans une République où la vérité se déguste selon la couleur du parti, une loi qui voulait interpréter une autre loi dont

LOI INTERPRETATIVE : LE CAMOUFLET TRIOMPHAL DE LA RÉPUBLIQUE DE L’ AMBIGUÏTÉ

Par: Colylamine

Il était une fois, dans une République où la vérité se déguste selon la couleur du parti, une loi qui voulait interpréter une autre loi dont les motivations prêtaient déjà à interprétation.
Le tout dans un pays où « je gagne ou je gagne » semble avoir été gravé sur le fronton de l’Assemblée nationale.

Le député Amadou Ba de Pastef, sans doute inspiré par une relecture tardive du Petit traité d’herméneutique politique, a cru bon d’éclaircir les zones d’ombre d’une loi d’amnistie que certains jugeaient déjà aussi limpide qu’une nuit sans lune. Résultat ? Une loi interprétative qui fut à son tour interprétée, puis rejetée par les Sages du Conseil constitutionnel, qui, au passage, ont offert un magistral cours de droit à ciel ouvert. Ou plutôt un renvoi brutal à l’amphithéâtre, pour reprendre la formule dédaigneuse de Me Aïssata Tall Sall, redevenue étudiante en droit à ses heures perdues.

Pendant ce temps, l’opposition jubile comme si elle avait remporté la Coupe d’Afrique de la Constitution, brandissant la décision comme un trophée contre l’ogre Pastef. De l’autre côté, le Premier ministre et président de Pastef, Ousmane Sonko, dans un post devenu quasi sacré, proclame avec fierté que le Conseil n’a fait que confirmer… ce qu’il savait déjà. Ce qui revient à dire que l’on peut perdre avec panache tout en criant victoire, pour peu que l’on ait un bon Community Manager et un soupçon de dialectique.

Et puisque nous sommes dans le royaume du flou stratégique, chacun y va de sa lecture. Les opposants y voient un enterrement de première classe de l’initiative de Pastef ; les pastefiens y lisent une bénédiction indirecte ; le citoyen lambda, lui, ne sait plus s’il doit fêter la victoire du droit ou pleurer le naufrage du bon sens. Pendant ce temps, les réseaux sociaux bruissent de citations latines, de considérants constitutionnels, et de métaphores lunaires dignes de poètes incompris.

Il est donc désormais acté que le Conseil constitutionnel dit la Loi, mais que les politiciens, eux, en font un sport de combat. La vérité n’existe plus : elle se tord, se tresse, s’adapte selon le tweet, la conférence de presse ou l’émission de plateau. Chacun a raison. Et tout le monde a tort. Et dans ce théâtre d’ombres, la démocratie devient une farce juridico-politique servie tiède à un peuple qui n’en demandait pas tant.

Bienvenue en Sénégalie, où les lois sont des textes sacrés, jusqu’à ce qu’un autre texte vienne les désacraliser.

Redaction: Dakmedina.com

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Verified by MonsterInsights