Daaka 2025 Les héritiers de la lumière de Thierno Mouhammadou Siradji Diin : Thierno Mody Diallo, l’éducateur par excellence
mai 2, 2025
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Dans les terres bénies du Fouta, à Bokidiawé, naquit le 2 janvier 1945 un homme dont la lumière allait rayonner bien au-delà des frontières de son village natal
Dans les terres bénies du Fouta, à Bokidiawé, naquit le 2 janvier 1945 un homme dont la lumière allait rayonner bien au-delà des frontières de son village natal : Thierno Mody Diallo, fils de Thierno Aliou Saliou Diallo. Issu d’une noble lignée marquée par la science, la piété et le service de l’islam, il fut dès l’enfance orienté vers le savoir sacré.
C’est à Boghé, en Mauritanie, qu’il fut confié à Thierno Seydou, grand maître coranique pour y recevoir une formation rigoureuse. De 1957 à 1961, il s’abreuva à la source du Coran, des sciences juridiques, du tawhid et de la langue arabe, gravant dans son cœur les lettres de la connaissance et de la sagesse. Son maître, témoin de sa ferveur et de son sérieux, le ramena à Bokidiawé et, en guise de sceau et de bénédiction, le confia à l’un des plus grands maîtres spirituels de son temps : Thierno Mouhamadou Seydou Bâ.
La rencontre entre ces deux âmes fut décisive. Thierno Seydou ne lui transmit pas seulement des leçons, mais un héritage spirituel. Il l’introduisit dans les profondeurs de la Tarîqa Tidjaniyya, l’éduqua à la patience, à la pudeur, à l’humilité, et l’orienta vers les plus hauts sommets de la voie intérieure. Le lien qui les unissait allait bien au-delà de l’enseignement : il était celui d’un père à son fils spirituel.
Sur indication de son maître, Thierno Mody fut envoyé à Thilogne, auprès de Thierno Abdourahim Talla, digne héritier de Thierno Hamet Baba Talla. Là encore, il s’imprégna des lumières de la connaissance et de la pratique. En 1967, il fut couronné du titre de Muqaddam de la Tarîqa Tidjaniyya, preuve de sa maturité spirituelle et de sa capacité à guider autrui.
De retour à Bokidiawé, il se tint aux côtés de son père pour assurer la continuité de l’enseignement. À la disparition de ce dernier en 1980, il prit la pleine responsabilité du Daara, devenu sous sa direction un véritable phare dans le Fouta. Là, il forma sans relâche des générations d’élèves, transmettant le savoir avec rigueur et douceur, dans le respect des méthodes traditionnelles.
Thierno Mody Diallo était un orateur hors pair, dont l’éloquence captivait les esprits et les cœurs. Son discours, à la fois profond et accessible, savait toucher toutes les générations, en particulier la jeunesse qu’il attirait comme un aimant. Son ouverture d’esprit, alliée à une pédagogie adaptée, lui permettait de transmettre les valeurs islamiques avec modernité, sans jamais sacrifier l’essence de la tradition. Sous son impulsion, le Daara devint un lieu de convergence pour les jeunes en quête de savoir et de guidance spirituelle.
Les témoignages d’estime ne tardèrent pas. En 1975, plusieurs institutions islamiques du monde arabe lui rendirent hommage pour la qualité de son enseignement. En 1985, les autorités saoudiennes le distinguèrent lors de son pèlerinage. En 2009, il fut honoré à Fez par la famille chérifienne.
Dans le Dental, Thierno Mody occupait une place respectée. Il entretenait des relations fraternelles et respectueuses avec les autres dignitaires, notamment Thierno Amadou Tidiane Bâ, Khalif de Médina Gounass, avec qui il partageait une vision commune de l’éducation et de la spiritualité. Ces liens renforçaient l’unité et la coopération dans le Dental. Fidèle à l’éthique de ses maîtres, humble dans la parole, ferme dans la transmission, il incarnait l’équilibre entre science, service et spiritualité. Son engagement inlassable a façonné des centaines d’érudits, dont plusieurs perpétuent aujourd’hui son œuvre dans diverses régions.
Le 13 juin 2013, la nouvelle de son rappel à Dieu traversa les cœurs comme une onde de silence. Il s’éteignit comme une lampe ayant éclairé de nombreux foyers, mais dont la flamme continue de briller à travers son fils Thierno Aliou Mody Diallo et ses frères.