LE POIDS DE L’ INJUSTICE : QUAND LA BALANCE PERD SES REPÈRES
mai 21, 2025
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Dans un monde dominé par les rapports de force, les inégalités flagrantes et les déséquilibres structurels, un symbole discret semble relégué à l’arrière-plan : la balance. Pourtant, de
Dans un monde dominé par les rapports de force, les inégalités flagrantes et les déséquilibres structurels, un symbole discret semble relégué à l’arrière-plan : la balance. Pourtant, de la naissance à la mort, elle accompagne nos vies, visible ou invisible, concrète ou symbolique. À l’heure des fractures sociales, des crispations identitaires et de la défiance institutionnelle, il devient urgent de redonner à la balance , c’est-à-dire à l’équilibre , la place centrale qui lui revient.
Naître, c’est être pesé. Vivre, c’est chercher l’équilibre.
La première mesure posée sur un être humain est celle de son poids. Dès la maternité, la balance entre en scène. Ce geste, médical en apparence, est en réalité profondément symbolique : il fixe un point de départ, un repère, une norme. La vie humaine commence dans la mesure, et doit, tout au long de son cours, s’inscrire dans une quête d’équilibre.
La balance, instrument de justice et de société
Au XVIIIe siècle, la balance de Roberval bouleverse la manière de peser. Insensible à la position des objets, elle impose une règle d’égalité stricte : seul le poids compte. Une métaphore puissante de ce que devrait être notre société : un espace où chacun est jugé sur ce qu’il est, et non sur ce qu’il paraît. Cette exigence se prolonge dans la justice humaine. La figure de Thémis, tenant la balance, impose la neutralité, l’impartialité et la rigueur. Sans équilibre, la justice devient partiale. Et une justice partiale détruit la cohésion sociale.
L’équilibre social, condition de la paix durable
C’est dans l’espace social que la balance révèle le plus ses carences actuelles. L’injustice économique, la fracture entre riches et pauvres, l’accumulation des privilèges, la marginalisation de pans entiers de la population : autant de signes d’un système en déséquilibre. Et un système déséquilibré est un système instable.
Restaurer la balance sociale n’est pas un acte de compassion : c’est une stratégie de survie collective. C’est garantir que les règles soient les mêmes pour tous. C’est offrir à chacun sa juste part : d’opportunité, de dignité, de sécurité. Une société qui laisse croître les déséquilibres nourrit la colère, fragilise la paix et compromet l’avenir.
La balance religieuse, rappel d’une justice supérieure
Dans de nombreuses traditions spirituelles, la balance intervient au moment du jugement ultime. Elle ne pèse plus les corps, mais les âmes, les actes, les intentions. Ce rappel symbolique, qu’on retrouve dans l’islam, le christianisme ou l’Égypte antique, nous enseigne que tout compte. Que chaque choix, chaque geste, a un poids moral. Et que le déséquilibre intérieur finit toujours par se répercuter sur l’ordre collectif.
Redonner à la balance sa place dans la cité
Aujourd’hui, plus que jamais, la société a besoin de restaurer ses mécanismes d’équilibre : dans l’éducation, dans l’économie, dans la justice, dans la gouvernance. L’émotion ne peut continuer de supplanter la raison. L’excès ne peut continuer d’étouffer la mesure. L’équilibre n’est pas une posture molle ou un compromis médiocre. C’est une exigence démocratique, un fondement du vivre-ensemble, un principe de justice durable.
Rétablir la balance, ce n’est pas simplement peser : c’est penser. C’est refuser les extrêmes, les abus, les outrances. C’est choisir la nuance, la régulation, la juste place. C’est donner un cap à une société qui tangue.