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SÉNÉGAL , LE ROYAUME DES PALABRES : CHRONIQUE D’ UNE DÉMOCRATIE BAVARDE

  • mai 31, 2025
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Au Sénégal, le dialogue est une tradition presque sacrée. Mais ce qui devrait être un espace de vérité et de confrontation démocratique est trop souvent réduit à une

SÉNÉGAL , LE ROYAUME DES PALABRES : CHRONIQUE D’ UNE DÉMOCRATIE BAVARDE

Au Sénégal, le dialogue est une tradition presque sacrée. Mais ce qui devrait être un espace de vérité et de confrontation démocratique est trop souvent réduit à une mise en scène. On parle beaucoup, on agit peu. Et pendant que les discours s’empilent, les urgences des citoyens, elles, restent en souffrance.

1. Le Dialogue national : réconcilier les élites, éviter les secousses

Le Dialogue national, version officielle, s’affiche comme une volonté de refonder la République. Mais en coulisses, c’est une autre histoire : intégrer les anciens opposants dans un dispositif bien ficelé pour apaiser l’espace politique… sans toucher aux fondements.

« Ils se parlent entre eux, se congratulent, mais nous, on attend toujours que ça change vraiment. »

Ce que les citoyens espèrent ? Du concret : un État qui soulage leur quotidien, réduit les prix, crée des emplois et restaure la justice. Pas une scène où les mêmes comédiens jouent des rôles différents.

2. Le dialogue parallèle : crier dans le désert ?

Face à ce théâtre institutionnel, une autre voix tente de s’élever : celle d’une opposition qui se veut alternative. On y dénonce l’endettement, la concentration des pouvoirs, les promesses trahies. Objectif affiché : réveiller le pays, montrer qu’une autre voie est possible.

« Ils parlent fort, mais ça reste des paroles. On veut voir ce qu’ils peuvent faire quand ils auront les manettes. »

La population ne se contente plus de critiques : elle veut des réponses, une stratégie, une direction. Pas un discours de plus dans un espace déjà saturé de mots.

3. Les exclus du dialogue : une frustration de plus

Des acteurs dérangeants, jugés trop radicaux, n’ont même pas eu droit à la parole. Leur absence est un signe : le système filtre, trie, classe. Et surtout, il craint ceux qui bousculent trop.

« On parle d’inclusion, mais on sélectionne les voix comme dans un casting. Ceux qui fâchent, on les met de côté. »

Pour beaucoup de Sénégalais, cela ne fait que confirmer l’impression que tout est verrouillé. La démocratie devient alors une vitrine… qui ne reflète plus rien.

4. Une nouvelle offre politique ou une diversion de plus ?

Parallèlement, une autre initiative tente d’émerger, portée par un ancien maire devenu leader d’un mouvement populaire. L’ambition est louable : réconcilier le terrain et le politique, redonner espoir aux déçus du système.

« S’il veut vraiment changer les choses, qu’il commence par agir, pas par aligner les déclarations. »

L’enthousiasme est là, mais fragile. Car les Sénégalais ont déjà vu passer bien des projets “nouveaux”. Ils attendent autre chose qu’un recyclage de promesses.

Quand la parole lasse et que le ventre parle

Chacun de ces dialogues poursuit ses propres objectifs :

  • Le pouvoir cherche à calmer le jeu et à asseoir son autorité.
  • L’opposition radicale veut marquer son territoire.
  • Les exclus veulent exister malgré les murs dressés.
  • Le nouveau mouvement espère transformer les colères en dynamique politique.

Mais pendant ce temps, le citoyen fait ses comptes. Il pense à la Tabaski qui approche, aux marchés où les prix du mouton flambent, à l’impossibilité de fêter dignement quand l’essentiel manque.

« La vraie urgence, ce n’est pas une commission de plus. C’est trouver de quoi acheter un mouton et nourrir ses enfants. »

« Ils peuvent bien parler toute l’année. Ce que je veux, c’est un peu de respect, un peu de considération. Pas des palabres. »

Le Sénégal parle trop… mais n’écoute plus. Les palabres s’empilent, les réunions se succèdent, les appels à l’unité se répètent. Et pourtant, le quotidien du peuple ne bouge pas d’un iota.

Le vrai dialogue n’est pas entre élites. Il se joue entre le pays réel et les décideurs. Entre les besoins immédiats et les réponses différées.

Tant que la parole ne se traduira pas en actes, la démocratie sénégalaise ne sera qu’un grand bavardage inutile. Et le peuple ? Il s’éloigne, lassé, affamé, souvent humilié.

Par: Colylamine
Rédaction: Dakmedina.com

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