RÉFORMES INSTITUTIONNELLES : LE GRAND BLOCAGE DU DIALOGUE NATIONAL
juin 4, 2025
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Le 4 juin 2025, le rideau est tombé sur le Dialogue national, clôturé au Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD). Plus qu’un simple forum de concertation, cette
Le 4 juin 2025, le rideau est tombé sur le Dialogue national, clôturé au Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD). Plus qu’un simple forum de concertation, cette séquence politique conduite par le Dr Cheikh Gueye s’est imposée comme un moment de lucidité collective pour une démocratie sénégalaise en quête de renouveau.
Durant plusieurs jours, plus de 700 représentants des forces vives de la nation , partis politiques, syndicats, société civile, guides religieux, universitaires, entrepreneurs, jeunes et femmes se sont prêtés à un exercice rare : interroger sans détour les fondements du système politique.
Trois commissions thématiques ont structuré les débats. Les résultats sont inédits mais inégaux :
100 % de consensus sur les droits humains et les libertés fondamentales,
94 % d’accords sur le processus électoral,
Seulement 26 % de convergence sur les réformes institutionnelles.
C’est sur ce dernier point que le bât blesse. Attendue comme le cœur stratégique du dialogue national, la commission dédiée aux réformes institutionnelles et à la gouvernance s’est heurtée à un mur d’intérêts divergents. Derrière ce chiffre faible, se cache une réalité politique sensible : refondre les institutions, c’est toucher à l’équilibre du pouvoir, aux règles du jeu démocratique, à la répartition des prérogatives entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Un terrain miné, où chaque camp avance avec prudence, sinon méfiance.
La faible adhésion sur cette question souligne une difficulté structurelle : celle de dépasser les logiques partisanes au profit d’une vision républicaine partagée. Or, sans réforme en profondeur des institutions, le socle de toute refondation politique reste fragile.
Pourtant, la dynamique participative a été au rendez-vous. Grâce à la plateforme numérique Jubbanti, plus de 15 000 citoyens, principalement jeunes, ont pris part aux échanges. Un signal fort de vitalité démocratique, à condition que cette parole citoyenne trouve un prolongement dans l’action.
Dr Cheikh Gueye a salué « une victoire de la République sur elle-même », rendant hommage à la rigueur des travaux, à l’engagement du Directeur général des Élections, Birame Sène, ainsi qu’au président Diomaye Faye, pour son soutien déterminant à ce « grand Diisoo national ».
Les conclusions du dialogue seront transmises au chef de l’État, qui s’est engagé à les ériger en socle pour de futures réformes. Mais entre consensus formel et réforme effective, le chemin reste étroit. Et l’avenir dira si ce sursaut démocratique accouchera d’un véritable tournant institutionnel, ou s’il restera un exercice de bonne volonté sans lendemain.
« Ce dialogue n’est pas une fin, mais un horizon », a conclu Dr Cheikh Gueye. Encore faut-il que la marche vers cet horizon ne soit pas freinée par le poids des conservatismes.