6 June 2025
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TABASKI OU LE DÉMÉNAGEMENT NATIONAL : NGOR, SES MOUTONS ET SON ARMÉE LOGISTIQUE

  • juin 5, 2025
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Par un cousin diola, témoin amusé des exploits festifs de son cousin sérère Dakar, veille de Tabaski. Pendant que certains préparent sobrement leur gigot, d’autres surtout du côté

TABASKI OU LE DÉMÉNAGEMENT NATIONAL : NGOR, SES MOUTONS ET SON ARMÉE LOGISTIQUE

Par un cousin diola, témoin amusé des exploits festifs de son cousin sérère

Dakar, veille de Tabaski. Pendant que certains préparent sobrement leur gigot, d’autres surtout du côté de mes esclaves sérères préparent… un déménagement. Oui, un vrai. Pas une petite virée familiale. Un déménagement, avec tout ce que cela implique : matelas, congélateur, canapé, et même, tenez-vous bien, pneus de rechange.

C’est là qu’entre en scène mon cher cousin Ngor. Sérère bon teint jusqu’aux molaires, bon vivant assumé, expert en logistique familiale improvisée. Chaque année, à l’approche de la fête du mouton, Ngor prend un malin plaisir à me rappeler cette maxime devenue proverbe dans nos contrées :
« Au Sénégal, on ne voyage pas pour la Tabaski… on déménage ! »

Et lui, il ne déménage pas à moitié. Il transfère toute sa vie de Dakar au village natal, comme si la capitale allait s’effondrer sous ses pieds. Sa femme, ses fils, ses filles, ses neveux, ses nièces, ses tantes, ses oncles, même le voisin chrétien Jean, un autre Sérère pur jus mais version « Alléluia » tous sont embarqués dans l’opération Tobaski Express 2025.

Jean, d’ailleurs, n’est pas là pour faire de la figuration. Tabaski ou pas, tant qu’il y a du mouton à griller, du pain à tremper et du macaroni à napper de sauce aux oignons, il répond présent. Ce n’est pas une question de religion, c’est une question de sauce. Et comme on dit entre cousins : « le Sérère et la sauce, c’est une vieille histoire d’amour. »

Mais parlons logistique. Le cortège de Ngor ressemble plus à un convoi humanitaire qu’à une virée festive. Matelas, marmites de taille familiale, ustensiles de cuisine (et même ceux qu’il n’utilise jamais), frigo d’avant l’indépendance, congélateur plus grand que la chambre de mon oncle à Ziguinchor, sacs de riz, d’oignons, de pommes de terre, de macaronis (là encore, il paraît que c’est dans leur ADN), bidons d’huile, sacs de pain (parce que le Sérère ne badine pas avec le pain), chaises, fauteuils, et bien sûr… les stars du show : les moutons.

Ces pauvres bêtes, attachées à l’arrière du véhicule, regardent la route avec philosophie. Elles savent que leur sort est scellé, mais elles espèrent au moins un dernier voyage confortable. Peine perdue : entre les pneus de secours et la valise des habits « spécial fête », il n’y a même pas la place pour un bêlement digne.

Et pendant tout ce temps, Ngor jubile. Il aime ça. Il aime faire les choses en grand. À Tabaski, pour lui, il faut que ça sente le sacrifice, la réunion, la générosité… et l’abus gastronomique.

Mais cousin, pardon… un peu de retenue, hein.

Je te connais, toi et ta passion démesurée pour les sauces riches, les macaronis surgras, et les pains beurrés à minuit. Je ne veux pas te retrouver, comme l’année dernière, chez le docteur Faye, en train de négocier avec ta tension artérielle après avoir avalé trois assiettes pleines « juste pour faire plaisir à la belle-famille ».

Entre Diolas et Sérères, on se charrie souvent. Mais moi, je te le dis, cousin : une Tabaski en vie vaut mieux qu’un macaroni posthume.

Par: Colylamine
Redaction: Dakmedina.com

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