17 November 2025
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TABASKI : L’ EXODE URBAIN , OU LE RETOUR SAISONNIER VERS LES ORIGINES RURALES

  • juin 6, 2025
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Chaque année, à l’approche de la Tabaski, un curieux phénomène sociologique se reproduit avec une régularité implacable : les centres urbains sénégalais se vident au profit des zones

TABASKI : L’ EXODE URBAIN , OU LE RETOUR SAISONNIER VERS LES ORIGINES RURALES

Chaque année, à l’approche de la Tabaski, un curieux phénomène sociologique se reproduit avec une régularité implacable : les centres urbains sénégalais se vident au profit des zones rurales. Ce mouvement temporaire, mais massif, inverse soudainement les flux migratoires habituels. L’exode rural, si souvent évoqué dans les rapports démographiques, cède momentanément la place à un exode urbain à grande échelle.

Dakar, Saint-Louis, Thiès ou encore Ziguinchor deviennent méconnaissables. Les embouteillages s’estompent, les marchés se calment, et l’effervescence urbaine se suspend. Loin d’un ralentissement économique, il s’agit plutôt d’un déplacement massif de la population vers les localités d’origine, en quête de retrouvailles familiales et de respect des rites traditionnels.

Les véhicules quittent les villes par convois entiers, surchargés de passagers, de colis, et parfois même d’animaux vivants. Ce va-et-vient impressionnant témoigne d’un attachement profond aux racines rurales, souvent idéalisées le temps de la fête. Les villages, eux, connaissent un afflux brutal de population. Les habitations s’agrandissent soudainement, les ruelles se densifient, et l’intimité devient un luxe temporairement sacrifié.

Au cœur de cette migration saisonnière : le mouton de Tabaski, bien plus qu’un simple animal sacrificiel. Il symbolise l’acte de partage, la transmission des valeurs familiales et spirituelles. Il est aussi, pour beaucoup, le prétexte d’un retour « au pays », dans cette zone rurale qui, le reste de l’année, souffre souvent d’un certain abandon.

Ironie de la situation : ces campagnes, désertées par la jeunesse en quête d’emploi urbain, retrouvent vie pour quelques jours, avant de replonger dans le silence. Les villes, quant à elles, respirent un calme rare et temporaire.

Passée la fête, le flux s’inverse avec la même intensité. Les citadins reprennent la route, les voitures s’emplissent de vivres, de souvenirs, et d’un brin de nostalgie. Les villages se vident à nouveau, dans l’attente du prochain cycle.

La Tabaski, au-delà de son aspect religieux, révèle ainsi un autre visage du pays : celui d’une société en tension entre modernité urbaine et fidélité aux racines rurales.

Par: Colylamine
Redaction: Dakmedina.com

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