SÉNÉGAL–FMI : LE PROGRAMME À 1,8 MILLIARDS DE DOLLARS TOUJOURS GELÉ , LE PAYS SOUS PRESSION
juin 14, 2025
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Le retour du Sénégal à la table des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) devra encore attendre. Alors que le gouvernement espérait un nouvel accord dès juin,
Le retour du Sénégal à la table des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) devra encore attendre. Alors que le gouvernement espérait un nouvel accord dès juin, la suspension du programme triennal de 1,8 milliard de dollars reste en vigueur, dans l’attente des conclusions d’un audit sur la gestion passée des finances publiques.
Lors d’un point de presse, Julie Kozack, directrice de la communication du FMI, avait déclaré que l’institution attendait les résultats finaux de l’audit avant toute reprise des discussions. Aucun calendrier précis n’est pour l’instant communiqué. Selon Les Échos, la relance d’un nouveau programme de décaissement « n’est pas à l’ordre du jour ».
À l’origine de cette crise : un rapport explosif de l’Inspection générale des finances (IGF), confirmé par la Cour des comptes, pointant des manipulations comptables entre 2019 et mars 2024, sous l’administration de Macky Sall. La dette non déclarée s’élèverait à près de 7 milliards de dollars, un écart incompatible avec les standards de transparence exigés par les bailleurs.
Financement en suspens, recours au marché régional
Face au gel du soutien du FMI, l’État sénégalais multiplie les opérations de levée de fonds sur le marché régional de l’UMOA. Depuis l’installation du président Bassirou Diomaye Faye, le Trésor a émis plusieurs titres de dette à court terme, levant des centaines de milliards de francs CFA. Une stratégie qui garantit la continuité de l’action publique, mais qui alourdit le coût de l’endettement.
Le Sénégal bénéficie néanmoins de soutiens ponctuels de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement et de la SFI pour certains projets ciblés. Ces ressources demeurent limitées face à l’ampleur des besoins.
Une équation politique et budgétaire délicate
Au-delà du financement, le gel du programme du FMI illustre un défi de gouvernance majeur. Le nouveau pouvoir, engagé dans une rupture avec les pratiques du passé, doit désormais convaincre de sa capacité à restaurer la transparence, renforcer le pilotage budgétaire et assainir les comptes.
Mais le temps presse. Faute de ressources concessionnelles durables, l’État devra arbitrer entre remboursement de la dette, financement des politiques sociales et investissements prioritaires. L’avenir du modèle économique sénégalais dépendra d’un équilibre fragile entre discipline fiscale, mobilisation accrue des recettes internes et restauration de la confiance des bailleurs.