PROCÈS MOUSTAPHA DIAKHATÉ : QUAND UN MOT PROVOQUE LA TEMPÊTE JUDICIAIRE
juin 18, 2025
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Dakar, 18 juin 2025 – Traduit devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour offense au chef de l’État et à des personnalités exerçant des prérogatives présidentielles,
Dakar, 18 juin 2025 –
Traduit devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour offense au chef de l’État et à des personnalités exerçant des prérogatives présidentielles, Moustapha Diakhaté, ancien député et ex-chef de cabinet de Macky Sall, a assumé sans détour ses propos polémiques. En cause : l’usage du mot « gougnafier » pour commenter une photo du président Bassirou Diomaye Faye marchant aux côtés du président de l’Assemblée nationale et du Premier ministre, tous trois souriants sur le tapis rouge.
Face au juge qui l’interrogeait sur l’origine de cette expression jugée dégradante, Diakhaté a assumé la responsabilité de ses mots, invoquant sa liberté d’opinion.
« Le choix des termes pour exprimer mon indignation relève de moi seul. J’ai utilisé le mot ‘gougnafier’ en toute conscience », a-t-il répondu
L’ancien parlementaire a expliqué qu’il voulait dénoncer ce qu’il considère comme une « clochardisation de la République », en référence à la mise en scène institutionnelle illustrée par ladite photo.
Plus loin dans l’audience, Moustapha Diakhaté n’a pas hésité à élargir le débat.
« Quand l’enquêteur m’a interrogé, j’ai eu honte. Je pensais qu’on allait me poursuivre pour des faits plus sérieux », a-t-il lancé à la barre. Poursuivant sa plaidoirie, il s’est directement adressé au ministère public, remettant en cause la cohérence des poursuites : « Le même procureur n’a pas poursuivi Ousmane Sonko lorsqu’il a traité le président Diomaye Faye de ‘Serigne Ngoundou’, un sobriquet qui signifie ‘faux marabout’ ou ‘celui qui ne dit pas la vérité’. Et pourtant, c’est l’insulte la plus grave que j’ai entendue depuis son élection. »
Mais pour le parquet, les propos de Diakhaté ne sauraient être minimisés. Le procureur a rappelé que le mot « gougnafier » signifie « bon à rien, rustre, goujat » ,une interprétation qu’il a traduit en wolof : « Moy kou tékkiwoul dara ». Il a ainsi requis six mois de prison, dont trois mois ferme, et 200 000 FCFA d’amende à l’encontre de l’ancien député.
Malgré la virulence des débats, Moustapha Diakhaté a reconnu intégralement la paternité de ses propos, tout en refusant de répondre aux questions du parquet.
Le verdict est attendu le 2 juillet prochain. Une décision très attendue, tant cette affaire relance le débat sur les limites de la liberté d’expression dans le discours politique sénégalais.