LYNCHÉ POUR UN MESSAGE D’ ANNIVERSAIRE TARDIF : OUSSEYNOU LY, VICTIME COLLATÉRALE DES TENSIONS ENTRE PRO-SONKO ET PRO-DIOMAYE
juillet 16, 2025
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Proche collaborateur du président de la République, conseiller stratégique et chef de la communication digitale à la Présidence, Ousseynou Ly, alias “Citizen”, se retrouve depuis quelques heures au
Proche collaborateur du président de la République, conseiller stratégique et chef de la communication digitale à la Présidence, Ousseynou Ly, alias “Citizen”, se retrouve depuis quelques heures au cœur d’une vive polémique sur les réseaux sociaux. En cause : un simple message d’anniversaire adressé à Ousmane Sonko, son ancien compagnon de lutte devenu Premier ministre, un message jugé trop tardif par certains militants radicaux. Pour ces derniers, le timing du post, perçu comme manquant de spontanéité, trahirait une loyauté déclinante envers le leader charismatique de Pastef.
Le message, publié sur les plateformes numériques le 15 juillet dernier, se voulait pourtant cordial et sans ambiguïté : « Joyeux anniversaire à notre Leader, le Président Ousmane SONKO. Yàlla sàmm la, aar la, defal la ndam ! ». Toutefois, sa publication en fin de journée bien après que les autres figures du mouvement ont adressé leurs vœux a été perçue comme “très tardive” par de nombreux affidés de Sonko, qui y ont vu un manque de spontanéité, voire une marque de désaffection calculée.
Sur les réseaux sociaux, les critiques se sont alors multipliées, parfois avec une rare violence. Les réactions ne se sont pas fait attendre : une pluie de critiques s’est abattue sur lui, certains internautes le traitant de “traître”, d’“hypocrite”, de “fonctionnaire coupé de la base”, et le gratifiant de toutes sortes de noms d’oiseaux dans un déchaînement verbal souvent excessif
Le message d’anniversaire, banal en apparence, est ainsi devenu le déclencheur d’un véritable lynchage numérique.
Cette séquence illustre de manière criante les tensions croissantes au sein du camp Pastef, désormais partagé entre deux pôles : d’un côté, les fidèles indéfectibles du Premier ministre, souvent plus militants et affectifs dans leur engagement ; de l’autre, ceux qui défendent la ligne institutionnelle du président Diomaye, centrée sur la gestion étatique et la construction d’un appareil républicain stable.
Le malaise ne date pas d’hier. Il s’est accentué ces dernières semaines, notamment après les déclarations publiques d’Ousmane Sonko évoquant un “problème d’autorité” à la tête de l’État. Une sortie qui a surpris plus d’un observateur et qui a ravivé les soupçons d’un désaccord latent entre les deux têtes de l’exécutif. La gestion des positions, la nomination des proches, les choix politiques et communicationnels sont désormais autant de lignes de fracture entre les deux sensibilités.
Dans ce contexte, le lynchage en ligne d’Ousseynou Ly apparaît comme un révélateur inquiétant du climat de suspicion qui règne chez les “Patriotes”, où la loyauté est scrutée à la loupe et la moindre distance vis-à-vis du “leader charismatique” assimilée à une trahison. Pourtant, Ousseynou Ly n’est pas un nouveau venu. Il a été l’un des piliers de la communication de crise du parti pendant les années de répression, un homme de l’ombre qui a activement contribué à la visibilité du combat du duo Sonko-Diomaye.
Aujourd’hui, c’est précisément cette double proximité qui lui vaut d’être pris pour cible. Son rôle auprès du chef de l’État semble désormais suspect pour certains militants qui réclament une fidélité exclusive au Premier ministre. Un climat malsain, selon plusieurs observateurs, qui pourrait fragiliser davantage l’unité du mouvement et compliquer la gestion du pouvoir, dans un contexte marqué par de hautes attentes sociales et des défis économiques majeurs.
Officiellement, aucune réaction n’a été enregistrée du côté de la Présidence ou du Cabinet du Premier ministre. Mais en privé, plusieurs proches des deux camps s’inquiètent d’une dérive militante où l’émotion et la pression populaire prennent le pas sur la discipline politique et l’esprit républicain.
À l’heure où l’État sénégalais cherche à se stabiliser après une transition inédite, l’affaire Ousseynou Ly rappelle une évidence : la conquête du pouvoir est une chose, sa gestion dans l’unité en est une autre. Et si le Pastef n’y prend garde, c’est dans ses propres rangs que pourrait éclater la première crise sérieuse de cette ère post-rupture.