TIRAILLÉ ENTRE FONCTION D’ ÉTAT ET EXIGENCES PARTISANES, OUSSEYNOU LY ESSUIE DES ATTAQUES DE TOUS BORDS
juillet 24, 2025
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Accusé par une frange de militants de Pastef d’avoir publiquement désapprouvé le Premier ministre Ousmane Sonko lors de son passage à la 2STV, le ministre conseiller et porte-parole
Accusé par une frange de militants de Pastef d’avoir publiquement désapprouvé le Premier ministre Ousmane Sonko lors de son passage à la 2STV, le ministre conseiller et porte-parole de la présidence, Ousseynou Ly, a tenu à rétablir les faits.
Au cœur de la polémique : une phrase prononcée lors de son interview :« Kilifeu dou gaagan tiko ci mbed » , que certains partisans ont interprétée comme une critique voilée à l’endroit du leader du parti, Ousmane Sonko. Une interprétation vivement rejetée par l’intéressé.
« Il ne s’agissait nullement d’une leçon de morale à l’endroit du Premier ministre », a précisé Ousseynou Ly, rappelant que ses propos faisaient uniquement référence à sa propre posture personnelle face à une question précise de la journaliste.
Mais malgré cette mise au point, les critiques continuent de fuser sur les réseaux sociaux et dans certains cercles militants. Plusieurs internautes, se réclamant de Pastef, multiplient les attaques à l’encontre de M. Ly, le qualifiant tour à tour de « donneur de leçons », voire de « faux camarade ». Un déferlement qui met en lumière un malaise profond au sein de Pastef, où l’unanimisme apparent semble céder la place à des tensions internes, parfois exacerbées par des divergences de ton ou de style entre responsables.
Ce n’est pourtant pas un novice de la cause qui est visé. Ousseynou Ly fut l’un des premiers à s’engager sans réserve dans le combat politique porté par Pastef, à une époque où s’opposer frontalement au régime de Macky Sall exposait à des représailles sévères. Alors que la parole patriote était considérée comme subversive et que nombre de cadres préféraient se taire par prudence, lui se démarquait par sa constance, sa clarté et sa fermeté.
Il était de tous les fronts : tribunes, plateaux télé, conférences, forums … Son militantisme n’a jamais souffert d’ambiguïté. Face à une répression féroce, où les arrestations arbitraires, la censure et les intimidations étaient monnaie courante, Ousseynou Ly a tenu la ligne du projet, sans jamais transiger sur les principes fondateurs de Pastef. À ce titre, il a été l’un des visages intellectuels les plus visibles et les plus combatifs du mouvement, défendant les idées de rupture, de souveraineté, de justice sociale, dans une langue précise, argumentée, mais sans concession. Un rôle de vigie, qui lui a valu autant de respect dans les cercles patriotes que d’hostilité dans les sphères du pouvoir d’alors.
Aujourd’hui, son positionnement institutionnel, parfois jugé trop diplomatique ou prudent, semble lui coûter cher auprès d’une base militante restée attachée à une ligne plus combative. Il est notamment la cible d’une frange dite “irréductible” des soutiens de Sonko, qui voient en lui un proche du président Bassirou Diomaye Faye, soupçonné par certains de vouloir instaurer un équilibre différent dans les rapports entre l’appareil d’État et le parti. Cette lecture, bien que contestée, alimente une défiance persistante.
Cette séquence révèle une réalité politique : Pastef, devenu parti au pouvoir, doit désormais conjuguer culture militante et exigences de la gouvernance. Un équilibre délicat, où chaque mot, chaque sortie médiatique, peut rapidement devenir un sujet de discorde… même lorsqu’il provient d’un des plus anciens et loyaux défenseurs du projet.