Cher Grand-frère Babacar Gaye, Ta lettre à Karl, empreinte de lucidité et d’une inquiétude profondément républicaine,
août 9, 2025
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résonne en moi comme l’alarme grave d’un passionné de notre patrie. Permets-moi, en frère, de joindre ma voix à la tienne, avec force et indignation, pour dire haut
résonne en moi comme l’alarme grave d’un passionné de notre patrie. Permets-moi, en frère, de joindre ma voix à la tienne, avec force et indignation, pour dire haut et fort : le Sénégal est à la croisée des chemins, et le péril est réel.
En effet, ce que tu décris n’est pas simplement une querelle politique. C’est une crise morale, institutionnelle et sociale qui menace de déchirer le tissu fragile de notre nation. Le fait qu’un député, élu par le peuple certes, s’arroge le droit de déclarer ouvertement une dualité présidentielle – légale d’un côté, légitime de l’autre – est plus qu’une provocation : c’est un acte de défiance envers la République elle-même, une insulte à nos institutions, et une compromission grave de l’unité nationale.
Nous ne pouvons accepter que la souveraineté populaire, qui doit s’exprimer dans le calme et le respect du jeu démocratique, soit balayée par le bruit des passions, la force des réseaux sociaux, ou la mystification du pouvoir par le populisme. Le rôle de nos élus n’est pas d’attiser la division mais de cimenter notre nation.
Comme toi, je partage cette crainte que les fondations de notre République vacillent. Car si la confusion règne au sommet, si la logique de la remise en cause permanente triomphe, alors c’est tout notre avenir qui s’assombrit. Nous connaissons toutes les tragédies des États où la passion l’emporte sur la raison, où le populisme déstructure les États de droit.
Il est impératif que nos institutions se dressent face à ces dérapages. Et comme tu le dis, le procureur de la République doit intervenir avec fermeté pour préserver l’ordre public et la dignité de la fonction présidentielle. L’Assemblée nationale doit faire respecter ses propres règles et ne pas devenir le théâtre d’une anarchie verbale qui légitime le chaos. Car dès lors que le respect de la loi cède le pas à la loi du plus bruyant, la République est en grand danger.
Je partage également ta déception face à une opposition fragmentée, incapable pour l’instant de dépasser ses divisions pour se dresser en rempart uni contre ces dérives. La lutte pour la République exige que tous les fils et filles du Sénégal, quelles que soient leurs sensibilités, se coordonnent dans un esprit d’unité et de responsabilité.
Enfin, je lance un appel aux citoyens : ne laissons pas l’irrationalité et la rancune emporter notre destin commun. Nous devons tous, dans nos quartiers, villages et villes, défendre la paix sociale, le respect des institutions et la grandeur de notre nation. Il en va de notre devoir, aujourd’hui plus que jamais, de préserver la République sénégalaise comme un héritage sacré.
Grand-frère, ta référence à Weimar est une mise en garde salutaire. Nous savons ce que le désordre peut engendrer quand on joue avec les piliers invisibles de la démocratie. Que Dieu garde le Sénégal, et que nous soyons au rendez-vous pour sauver notre maison commune.
Avec toute mon amitié fraternelle et mon engagement,