Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Mouhamadou Bamba Cissé, a signé une lettre-circulaire datée du 19 septembre 2025 demandant aux gouverneurs de région de procéder, d’ici au 25 septembre, à un recensement exhaustif des occupations anarchiques de la voie publique et des alentours des lieux de commerce. Objectif affiché : préserver l’ordre public et renforcer la sécurité routière.

Installations précaires, étals improvisés, commerces informels, stationnements irréguliers… Dans la capitale comme dans plusieurs centres urbains, ces scènes font désormais partie du décor quotidien. « Des mesures hardies doivent être prises et appliquées avec rigueur », insiste le ministre dans son courrier, soulignant la nécessité de mettre fin à une « prolifération inquiétante ».

Pour certains habitants de Dakar, cette décision était attendue. « On ne peut plus circuler, même sur les trottoirs. Les rues sont devenues des marchés à ciel ouvert », se plaint Mariama, une résidente du centre-ville. Elle espère que cette nouvelle opération permettra de redonner souffle à des quartiers étouffés par l’encombrement.

Mais d’autres tempèrent cet optimisme. « Chaque fois, on nous parle de déguerpissement. Ils cassent, ils chassent, puis tout recommence », soupire un chauffeur de taxi à la Médina

Du côté des petits commerçants, la peur domine. Pour beaucoup, la rue n’est pas un choix mais une nécessité. « C’est ici que je gagne de quoi nourrir mes enfants. Si on me dégage sans alternative, c’est la misère assurée », alerte une vendeuse ambulante de fruits au marché Petersen puis un autre vendeur à la sauvette au marché colobane

Un rappel cruel d’une équation complexe : comment concilier fluidité urbaine et survie économique pour des milliers de familles qui dépendent du secteur informel ?

Pour les spécialistes, l’enjeu dépasse le simple déguerpissement. « Ce problème est récurrent car il n’existe pas de véritable politique d’aménagement urbain adaptée à la croissance démographique et à l’économie populaire », analyse un urbaniste interrogé par nos soins. Selon lui, il faut repenser l’organisation de l’espace public, créer des zones commerciales structurées et intégrer l’informel plutôt que de l’éradiquer brutalement.

Le ministère exige des plans d’actions régionaux, associant forces de défense et de sécurité, collectivités locales et acteurs concernés. Mais pour beaucoup d’observateurs, sans solutions alternatives solides et viables, cette opération risque de devenir une nouvelle campagne ponctuelle, appliquée avec rigueur sur le papier, mais inefficace dans la durée.

Par: Colylamine
Redaction: Dakmedina.com