11 October 2025
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Le billet du jour !Toutes les attaques personnelles se valent : elles sont méprisables.CHERIF SALIF SY

  • octobre 11, 2025
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Un principe sans exception Dans le bruit de nos débats publics, une frontière est franchie chaque jour avec une banalité effrayante : l’attaque ad hominem. Qu’elle vise un

Le billet du jour !Toutes les attaques personnelles se valent : elles sont méprisables.CHERIF SALIF SY

Un principe sans exception

Dans le bruit de nos débats publics, une frontière est franchie chaque jour avec une banalité effrayante : l’attaque ad hominem. Qu’elle vise un adversaire politique, un inconnu sur les réseaux sociaux, une personnalité publique ou un simple citoyen, l’attaque ad hominem est toujours méprisable. Aucune n’est meilleure. Aucune n’est justifiée.

L’illusion de la cible légitime

On se ment. On crée des cloisons imaginaires : « lui, il l’a bien mérité », « elle a commencé », « ce sont des personnalités publiques, elles doivent s’y attendre », « l’autre camp fait pire ». Ces excuses sont des mensonges confortables qui nous endorment. La réalité est simple : dès que l’on s’en prend à la personne et non à ses arguments, on a perdu. On a perdu le débat, on a perdu l’honneur, on a perdu le droit de se prétendre porteur de valeurs.

Ce que révèle l’attaque ad hominem

Quand on attaque ad hominem, on avoue : qu’on n’a pas d’arguments ; qu’on préfère démolir à convaincre ; qu’on a abandonné la raison à la passion ; qu’on considère son adversaire non comme un homme, mais comme un ennemi à abattre. L’attaque ad hominem n’est jamais un signe de force. C’est toujours un aveu de faiblesse.

Le poison qui ruisselle : chaque attaque ad hominem que nous tolérons, que nous excusons, que nous applaudissons quand elle frappe « le bon camp », empoisonne l’espace public tout entier. Le pire, c’est que, de plus en plus, ce sont les gens instruits qui l’utilisent le plus.

Ce poison est contagieux :

Il banalise la violence verbale ; il chasse les voix modérées du débat public ; il transforme la politique en guerre totale ; il tue le dialogue ; il crée une société où personne ne parle de peur d’être dépecé.

L’hypocrisie qui nous humilie

Le test de notre intégrité est simple et brutal : sommes-nous aussi rapides à condamner les attaques ad hominem quand elles nous conviennent que quand elles nous dérangent. Si on applaudit quand « notre camp » déshonore quelqu’un en public, mais qu’on s’indigne quand c’est l’inverse, on ne défend rien. On défend juste notre tribu. Et ce tribalisme assassine toute société commune.

Ce que nous devons nous imposer d’abord : combattre les idées, jamais les personnes ; reconnaître l’humanité de nos adversaires ; être en désaccord avec quelqu’un sans le mépriser ; dénoncer les attaques personnelles même lorsqu’elles viennent de notre camp. Des autres ensuite : ne pas tolérer les attaques ad hominem parce qu’elles visent quelqu’un qu’on n’aime pas ; exiger de nos dirigeants, de nos médias, de nos influenceurs qu’ils respectent cette limite ; ne pas nourrir la machine à lynchage, même par notre silence.

Un combat quotidien

Maintenir cette exigence de dignité dans le débat n’est pas facile. C’est même atroce quand on est à vif, quand on entend des choses qui nous heurtent, quand l’autre camp ne joue pas le jeu. Mais c’est là que notre humanité est testée. On ne mesure pas un homme à la manière dont il traite ses amis, mais à la manière dont il traite ses ennemis.

L’appel

Si vous croyez que le débat démocratique vaut la peine d’être sauvé, vous devez accepter cette pilule : toutes les attaques personnelles sont les mêmes, et toutes sont détestables, sans exception. Pas d’excuses. Sans relativisme. C’est seulement en gardant cette ligne, même quand c’est difficile, même quand c’est frustrant, même quand l’autre ne la garde pas, que nous pouvons espérer construire un espace public où les idées s’affrontent dans le respect de notre humanité commune. Le choix est là, chaque jour, chaque conversation : élevons-nous le débat ou l’abaissons-nous ? On protège les valeurs ou son camp ? Notre réponse à ces questions définira le monde de demain.

« On reconnaît le degré de civilisation d’une société à la manière dont elle traite ses ennemis, pas à la manière dont elle traite ses amis. » ; « I’m not letting you go.»

Dakar, le 3 octobre 2025

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