22 October 2025
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DETTE MATIN, DETTE SOIR : LE MYTHE DU SPHINX QUI NE QUITTE JAMAIS LA SCÈNE

  • octobre 22, 2025
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Par: Colylamine Au Sénégal, il est une créature indestructible, une bête mythique qui défie les gouvernements, les chiffres et le bon sens : la dette. Tantôt héroïne du

DETTE MATIN, DETTE SOIR : LE MYTHE DU SPHINX QUI NE QUITTE JAMAIS LA SCÈNE

Par: Colylamine

Au Sénégal, il est une créature indestructible, une bête mythique qui défie les gouvernements, les chiffres et le bon sens : la dette. Tantôt héroïne du développement, tantôt bourreau du budget, elle renaît toujours de ses cendres, comme un sphinx à mille visages.

La dette, éternelle vedette au Sénégal

Bienvenue au théâtre économique du Sénégal, où la vedette n’a jamais besoin de doublure : la Dette, éternelle première actrice.
Chaque jour, elle change de costume sans jamais quitter la scène : dette publique le matin, dette cachée à midi, dette morale le soir ,et pour les grandes occasions, dette “restructurée” en robe de gala.
Applaudie hier par ceux qui la maudissent aujourd’hui, encensée par ceux qui jadis la vouaient aux gémonies, la Dette joue la comédie mieux que tous les ministres réunis. Pendant que le peuple débat à gorge déployée, elle, imperturbable, tire les ficelles et encaisse les recettes… toujours à crédit.

La Dette, avec un grand “D”, diva indétrônable, omniprésente et inusable. On la croise partout : à la radio au petit matin, dans les débats télévisés du soir, au marché, sur les grandes places des quartiers, dans les cars bondés… et même dans les sermons du vendredi, les prêches du dimanche, ou lors du grand “ndogou” politique du lundi. Partout où l’on parle, elle est là, prenant la lumière, changeant de costume et distribuant ses rôles à qui veut bien écouter.

La dette se débat désormais dans toutes les langues nationales sénégalaises :wolof, pulaar, sérère et diola mandingue , et, pour les grandes occasions, elle s’essaie au français, jusqu’à la corde, et même récemment à l’anglais. Preuve qu’elle peut s’inviter partout, du marché populaire aux couloirs feutrés de la République, et conquérir toutes les sphères du débat public, sans jamais perdre une miette de sa scène.
Elle a visité toutes les capitales : de Paris à New York, en passant par Istanbul, Pékin et désormais les pays du Golfe.
La dette a vraiment plusieurs vies, suscite passion et délicatesse. Un sujet qui divise, enflamme, et finit par infester tout l’espace national.

La dette, caméléon de salon au Sénégal

Mais quelle actrice !
Un jour, elle est “dette concessionnelle”, le lendemain “dette structurée”, parfois même “dette hors bilan”, “dette cachée” ou “dette non comptabilisée”, selon le costume qu’elle enfile pour la conférence de presse du jour. Elle change de qualificatif selon la personne, selon le moment.
Elle a subi toutes les mutations imaginables : de dette cachée à misreporting, en passant par mille variétés inventées pour mieux enrober le poison.

Les experts, les politiques et le peuple

Dans ce théâtre d’ombres, chacun joue sa partition :

– Les universitaires, éternels professeurs du chœur antique, s’affrontent sur des équations incompréhensibles à force d’être savantes, embrouillant l’opinion par leurs divergences.

– Les politiques, eux, récitent leurs rôles avec conviction : la dette, c’est “bonne” quand on gouverne, “catastrophique” quand on critique, rendant plus opaque encore son utilité, son origine et sa destination.

– Et le pauvre citoyen , éternel figurant, toujours floué par ce qui se trame sous ses yeux, demeure celui qui, au final, paie les décors.

La dette qui rit sous cape

Pendant ce temps, les chiffres valsent : maquillés, repeints, astiqués.
On ajuste les colonnes comme on maquille un bilan amoureux : un peu de poudre ici, un oubli là. Et à la fin, tout le monde s’applaudit d’avoir “amélioré la transparence”.

Mais la dette, elle, rit sous cape. Hydre à mille têtes, elle se nourrit de rapports, de conférences et de “stratégies de soutenabilité”. On lui coupe un bras, elle en repousse deux, signés à la Banque mondiale et au FMI.

De la guerre médiatique à la guerre judiciaire

Et malgré les grands discours, les symposiums, les panels et les “points de presse” par-ci, par-là, la dette demeure une pomme de discorde, un champ de bataille où deux camps s’affrontent sans relâche. Les uns l’encensent, les autres la maudissent tous armés de chiffres, de graphiques et de vocables pluriels.

Mais voilà qu’une nouvelle scène vient d’être écrite : après la bataille médiatique, voici la bataille judiciaire.
L’ancien président Macky Sall, refusant de quitter le décor, semble désormais vouloir rejouer l’acte de la dette devant les tribunaux.
Comme si, au lieu de solder les comptes publics, il fallait désormais juger les mots eux-mêmes.
La dette devient alors un dossier judiciaire, une affaire d’État qui se plaide, se cite, se réplique. Et pendant que les robes noires débattent des chiffres, la dette, elle, grossit tranquillement, indifférente aux procédures.

La morale du drame

Finalement, la dette, c’est notre pièce nationale : acte après acte, gouvernement après gouvernement, elle reste la seule constante du scénario.

Et la morale de cette comédie budgétaire ?

> Tant qu’on débattra plus de la dette que de ses effets, le pays continuera à vivre… à crédit.
Et dire qu’on appelle encore ça la croissance !

Par: Colylamine
Redaction: Dakmedina.com

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