1 December 2025
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LE SÉNÉGAL : UNE NATION, DEUX PEUPLES, ET AUCUN ARBITRE

  • novembre 3, 2025
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Il fut un temps où le Sénégal se rêvait une et indivisible, où “le peuple” se disait au singulier et “la République” se déclinait comme un serment. Aujourd’hui,

LE SÉNÉGAL : UNE NATION, DEUX PEUPLES, ET AUCUN ARBITRE

Il fut un temps où le Sénégal se rêvait une et indivisible, où “le peuple” se disait au singulier et “la République” se déclinait comme un serment. Aujourd’hui, le rêve s’est fendu en deux moitiés irréconciliables. D’un côté, « les clounas » ; de l’autre, « les moutons ». Et au milieu, le silence gêné d’un arbitre introuvable.

Cette fracture n’est pas qu’une question d’opinion : c’est un choc de légitimités.
Les uns, se présentant comme les patriotes éveillés, considèrent que ceux qui ont, à un moment, pris part à la répression des manifestations ou sont restés silencieux face à l’injustice ont trahi la cause du peuple. Pour eux, ces gens-là ne méritent plus le titre de citoyen engagé , ils deviennent des “clounas”, des acteurs d’une pièce triste où la République se transforme en cirque.
Le mot, ironique et blessant à la fois, sert à marquer la distance morale : “eux”, les répressifs, contre “nous”, les résistants.

Mais la pièce a deux actes. Car les supposés “clounas” ont, eux aussi, affûté leurs mots.
Ils désignent leurs adversaires de “moutons”, manière piquante de dire : “Vous ne réfléchissez pas, vous suivez aveuglément vos gourous politiques.”
Pour eux, les moutons sont ces militants irréductibles, enfermés dans leur certitude d’avoir raison, dociles aux discours populistes et sourds à la nuance. C’est la revanche des moqués : le rire répond au mépris, le mépris répond au rire.

Ainsi va le Sénégal, ce pays où chacun veut sauver la République à sa façon, mais où tout le monde se regarde désormais en chiens de faïence.
Les bons contre les méchants, les réveillés contre les endormis, les patriotes contre les traîtres. Et au milieu, la patrie elle-même, prise en otage par les ego et les slogans.

Le débat public, jadis une école de tolérance, s’est mué en foire d’invectives. Les uns brandissent la justice, les autres la stabilité, mais personne ne brandit le pardon.
L’arbitre ? Il a jeté son sifflet. Fatigué de ce match sans fin où chaque faute devient un titre d’honneur et chaque carton rouge, un badge de loyauté.

Pourtant, un pays ne se construit pas dans la haine ni dans la suspicion.
Un pays ne se développe pas par l’exclusion, mais par l’addition des différences.
Un pays, c’est un projet collectif, où même ceux qui ne s’aiment pas finissent par s’unir pour bâtir quelque chose de plus grand qu’eux.

Le Sénégal doit se souvenir que la grandeur d’une nation ne réside pas dans la victoire d’un camp sur l’autre, mais dans la capacité à transformer ses fractures en force.
Car aucun “clouna” ne triomphera d’un “mouton” , pas plus qu’un “mouton” ne fera plier un “clouna”.
Seul le Sénégal réconcilié avec lui-même pourra se relever, se redresser et renouer avec son vrai mot d’ordre : Un Peuple, Un But, Une Foi.

Par: Colylamine
Redaction: Dakmedina.com

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