DIALOGUE NATIONAL : LA GRANDE MESSE, SANS TOUS LES FIDÈLES
mai 29, 2025
0
Le lancement du Dialogue national par le président Bassirou Diomaye Faye marque une étape symbolique dans le processus de refondation politique annoncé par le nouveau pouvoir. Présenté comme
Le lancement du Dialogue national par le président Bassirou Diomaye Faye marque une étape symbolique dans le processus de refondation politique annoncé par le nouveau pouvoir. Présenté comme un espace d’échanges ouvert à toutes les forces vives de la nation, ce rendez-vous devait incarner l’esprit de rupture, de transparence et d’inclusion. Mais dans la pratique, des signaux contraires interrogent sur la sincérité de cette démarche.
L’exclusion silencieuse de certaines voix du débat public suscite un malaise grandissant. Le cas de Cheikh Oumar Diagne, leader du mouvement RV And Ci Dëgg, est révélateur. Écarté sans explication officielle, il dénonce une mise à l’écart injustifiée, rappelant qu’il avait soumis des propositions concrètes dans le cadre de ce processus. Loin d’un simple oubli logistique, cette absence soulève une question politique de fond : quels critères ont prévalu dans le choix des participants ? La volonté affichée d’ouvrir le débat à toutes les sensibilités résiste-t-elle à l’épreuve des faits ?
Plus troublant encore est le témoignage du Dr Ahmed Khalifa Niasse. Invité officiellement, le président du Présidium du Front des Alliances Patriotiques (FAP) affirme avoir été refoulé à l’entrée du CICAD malgré sa convocation. « Nous avions notre lettre d’invitation, mais l’accès nous a été interdit », déplore-t-il, évoquant une humiliation injustifiée. Ce type d’incident, bien qu’isolé, expose une faille dans l’organisation et alimente le soupçon d’une sélection arbitraire, voire discriminatoire.
Ces faits, pris individuellement, pourraient paraître anecdotiques. Ensemble, ils dessinent une dynamique plus préoccupante : celle d’un dialogue qui peine à embrasser la pluralité réelle du paysage politique. La participation devient alors une faveur, non un droit. Le tri des interlocuteurs risque de transformer un chantier national en vitrine maîtrisée, où les critiques les plus dérangeantes sont contenues, sinon écartées.
Dans une démocratie en reconstruction, le succès d’un dialogue national ne se mesure pas à la solennité des discours, mais à la capacité d’accueillir toutes les voix, même discordantes. L’exercice du pouvoir exige, plus que jamais, une cohérence entre les principes proclamés et les pratiques effectives. Si l’exclusion devient la norme déguisée d’un processus censé unir, alors la fracture politique que l’on prétend refermer pourrait, au contraire, s’élargir.